La légende arthurienne a bercé mon enfance, mon adolescence et continue encore d'être la saga qui me transporte le plus. Que ce soit chez John Boorman au cinéma, chez Astier à la télévision ou encore chez Chauvel en BD, j'ai pu apprécié des oeuvres qui, chacune à sa manière, interprétaient le mythe, m'en offraient une vision traditionnelle (Chauvel), épique et spirituelle (Boorman), personnelle, drôle et complexe (Astier). Même la vision d'Antoine Fuqua a présenté pour moi un intérêt, c'est vous dire si quand il s'agit d'Arthur et son posse, je suis bon public! Plutôt amateur de la démesure de Guy Ritchie et malgré les critiques négatives, j'ai donc décidé de regarder Le Roi Arthur: La Légende d'Excalibur et je ne sais par où commencer...
Savoir que ce film ose utiliser dans son titre les mots Arthur et Excalibur me provoque de l'urticaire. Comme le prouve mon attachement pour Kaamelott, je ne suis pas fermé à la réinterprétation radicale du mythe. Astier joue avec les codes, y introduit le ridicule et décale toutes les situations par le langage ou le grotesque mais il le fait en respectant infiniment la puissance de la légende arthurienne. Kaamelott est un bijou de subtilité et donne à voir une épopée burlesque d'une rare intensité. Ici, Guy Ritchie a transformé un mythe médiéval fondateur en pub clipesque dégueulasse... On pourrait se croire devant une réclame à la Invictus (le parfum, pas le film). Tout y est de mauvais goût...
Concernant les acteurs, la direction et le casting sont tout simplement navrants. Charlie Hunnam, envers qui je suis plutôt bien tourné, ressemble ici à un acteur porno. Jude Law cabotine presque autant que Colin Farrell dans Daredevil, il est tellement ridicule et peu crédible que s'en est douloureux de le voir se vautrer ainsi dans la fange de son surjeu. Djimon Honsou a perdu tout le charisme qui était le sien dans Gladiator. Aidan Gillen fait peine à voir, entre le chapeau ridicule et les répliques bidons, il est plus "asshole" que "badass". Que dire du choix d'Eric Bana pour jouer Uther si ce n'est que quand on n'est pas charismatique on ne peut pas être un Pendragon! Sans déconner, Pendragon est probablement le patronyme le plus classe de l'histoire de la littérature, ça fait mal au popotin de le voir accolé au visage fade et inamovible d'Eric Bana... Quant à Mordred je préfère ne pas en parler...
Sur le plan du scénario, je ne suis pas contre les libertés mais là c'est du grand n'importe quoi. Il n'y a aucun souffle, aucune élégance, aucune spiritualité. Le mythe arthurien est tout de même une histoire qui traite notamment du paganisme, de la chrétienté, d'une quête spirituelle qui trouvera son aboutissement par la redécouverte du Graal par Indiana Jones - le premier qui me dit que ce n'est pas un fait historique avéré se prend ma main dans la bouche! Là, c'est juste le scénario du Roi Lion... Putain les mecs en on fait un conte Disney! Y a que moi que ça met en colère? Les personnages n'ont aucune consistance, l'histoire est inintéressante et on ne se prend jamais au jeu. Les souvenirs rabâchés du traumatisme d'enfance d'Arthur alourdissent par ailleurs une histoire aux enjeux confus et finalement ridiculement simples.
Passons maintenant à l'esthétique du film. Si j'avais apprécié le côté un peu Steampunk de Sherlock Holmes, là ça ne fonctionne pas du tout. Trop d'effets spéciaux, trop de ralentis, trop d'effets de mise en scène... On dirait un mélange entre God of War, la pub Invictus et Soulcalibur... Les costumes sont à peine dignes de Kalidor, tout est too much et de mauvais goût. Le mec fait venir David Beckham (désolé Becks, mais n'est pas Vinnie Jones qui veut), si ça c'est pas une faute de goût... Noyé dans ce marasme visuel, il reste de rares beaux moments mais c'est tellement sali par le reste qu'on a l'impression de voir une jolie rose qui aurait poussé sur une immense flaque de vomi, du coup elle a beau être jolie, elle sent quand même sacrément la gerbe...
Tout ça pour dire que je suis très déçu et très en colère. Surtout que j'avais vraiment envie d'aimer ce film.
Va vite falloir que je me remate Excalibur pour me laver!