Ce film, c'est une épreuve traversée par une poignée d'hommes, dont le rêve fou fut de faire le premier long métrage d'animation. Après s'être fait jeter comme des malpropres un peu partout et par faute de moyens, notre bon Paul Grimault parvint enfin à sortir sa vision critique de la monarchie, de l'industrialisation de la société, des moeurs conservatrices, de la maltraitance animale (et j'en passe) sur grand écran en 1980. Rendez-vous compte mes amis, plus de trente ans de production et cinquante d'existence dans la tête de ce bon homme.
L'image n'a presque pas prise une ride, l'animation est noble, tout est véritablement visionnaire pour son époque, à des années lumières de Blanche-Neige, celui que l'histoire retiendra comme le premier film d'animation. Forcément plus "vieilli" dans le rythme et les choix artistiques que ses contemporains (La Petite sirène sortira quelques années plus tard) Le Roi et l'oiseau est une fierté nationale, un joyau de poésie et d'animation. Une référence dans le milieu dont les design seront repris par des centaines d'auteurs (le royaume - château, le colosse de métal repris par Brad Bird) et respire le bon français par tous les pores. Bon dieu que j'adore ces policiers à moustache.
Assez onirique, ce conte est raconté comme un poème (Jacques Prévert en a écrit les dialogues) et impose dans sa narration l'emploi de certains procédés de fables tel que le personnage de l'Oiseau, seul être possédant la morale et quasi omniscient, le couple du ramoneur - bergère comme les jeunes gens inconnus au monde et naifs de leur amour ; c'est sans compter le roi qui lui relève plus d'une satyre de figure politique rondement bien menée.
Bref, un bijou dont je ne me lasserai jamais, contenant des vrais scènes d'anthologie (le portrait, l'aveugle, le travail à la chaine, le colosse dans la ville). Messieurs, vive la FRANCE