Un western de Raoul Walsh sympa … et surprenant, tendance bizarre. Un western nonchalant, plein d'une tendre ironie à moins qu'il y ait une petite dose de provocation …
Il commence et se termine par une poursuite. Mais entre ces deux poursuites, il y a deux séquences.
La première où on voit Clark Gable (celui qui était poursuivi) se raser dans un saloon et utiliser du whisky comme aftershave ! Charmant et plein d'entregent, Clark Gable écoute et fait parler les gens à propos d'un magot enterré chez une vieille dure à cuire, une matrone qui ne veut voir personne et qui vit retranchée dans son ranch avec ses quatre belles filles.
La seconde séquence est un long huis-clos chez la vieille (Jo Van Fleet), un vrai dragon en jupe, qui l'accueille à coups de flingue. Avec une superbe entrée en scène des quatre belles-filles qui se précipitent vers cet homme abattu par la belle-mère … Clark Gable est-il un Prince, un simple homme charmant, un prétendant ou un vil séducteur ? Toujours est-il que les quatre belles-filles, émoustillées, s'apprêtent pour être l'heureuse élue. C'est qu'on s'y emmerde dans ce ranch avec la belle-mère chargée de veiller sur la vertu des nanas. Ça va qu'il y a ce fameux magot et la promesse d'une vie facile au retour du fils survivant dont on ne sait rien !
Les quatre belles-filles sont toutes si semblables car belles et intéressées mais toutes si différentes entre Eleanor Parker, la maline, Jean Willes, la délurée qui n'a pas froid aux yeux, Sarah Shane la fragile et romantique et Barbara Nichols, la gourgandine et chanteuse de saloon.
Et Clark Gable, véritable coq en pâte, qui se prélasse, écoute chacune, sourit beaucoup, embrasse même un peu histoire de goûter au fruit défendu (Code Hays, quand tu nous tiens). Il tente même d'amadouer la vieille virago en jouant sur l'harmonium des cantiques qui se terminent dans une superbe scène où il va faire danser les quatre jeunes femmes tour à tour …
C'est la deuxième fois que Walsh fait tourner Gable après "les implacables" (pas encore commenté) et avant le magnifique "L'esclave libre" (déjà commenté).
Là, Walsh s'essaie (il récidivera) au western comédie dans un film qui, finalement, n'est peut-être pas très moral avec un viril et séduisant (en diable) Clark Gable qui cache derrière son sourire (légendaire) une bonne dose de cynisme.
Un western-comédie où il n'y a pas de bagarre, quelques coups de feu, où on ne rit pas mais où on sourit beaucoup …
Accessoirement, c'est ma 200 -ème critique de western …