Aymeric est un garçon doux et gentil qui laisse un peu (beaucoup) les autres et les évènements diriger son existence.


Lorsque des copains l'entraînent dans un petit casse sans envergure dont il sera le seul à payer les conséquences et le prix fort, il les suit. Lorsqu'une fille pas farouche l'entraîne dans une liaison durant laquelle elle l'assure qu'il ne la verra jamais nue, il partage sa vie un temps. Et lorsqu'il croise la route de Florence une ancienne collègue de travail enceinte jusqu'aux yeux, il entame une relation avec elle. L'amour né entre eux deux malgré leurs grandes différences de tempérament, Florence est aussi libre et extravertie qu'Aymeric est embarrassé et introverti. Mais lorsque l'enfant paraît, le coup de foudre entre ce père de substitution et le bébé est immédiat. Pendant des années le couple et l'enfant vivent des années de bonheur partagé dans une vieille ferme du Haut-Jura, jusqu'à ce que Christophe, le concepteur biologique de Jim, suite à un drame personnel refait surface dans la vie de Florence. Elle ne le repousse pas et comme toujours Aymeric accorde de faire une place à cet homme qui durant sept ans ne s'est pas préoccupé de l'enfant...

Nous n'en sommes à peine qu'à la moitié du film et il n'est pas question que j'en révèle davantage même si l'arrivée d'un autre personnage, Olivia (Sara Giraudeau, très bien (oui, j'ai bien dit : Sara Giraudeau, très bien)) avec sa gaité, sa douce folie et sa tendresse apporte un peu de légèreté au film. Non pas que le film soit lourd mais il y règne dans sa seconde partie une atmosphère de mélo qui rend les battements de coeur irréguliers.

Les frangins réalisateurs se sont déplacés des Pyrénées au Jura et comme toujours accordent une place essentielle à l'environnement naturel pour faire évoluer leurs personnages. Et pourtant c'est eux que l'on ne quitte pas des yeux. Ils évoluent au fil d'une intrigue au long cours, faite d'ellipses, de rebondissements et de ruptures. Au centre du récit, Aymeric interprété avec sa bonhommie un peu molle, son charisme inattendu par Karim Leklou donne une épaisseur exceptionnelle à un personnage qu'on aurait envie peut-être parfois de secouer mais que finalement on comprend et admire tant ce qui l'anime n'est que le bonheur et la volonté des autres même si c'est à ses dépens. Cet homme est incertain dans tout, même dans son travail il est toujours intérimaire. Mais il est bon, d'une bonté presque surnaturelle et il n'y a que l'amour pour cet enfant qui n'est pas le sien mais qu'il a élevé, qui soit stable, inaltérable. La paternité ne le transforme pas, elle le transcende et lui permet de vivre enfin un amour sans concession, partagé mais contrarié... C'est très beau.

J'ai rarement été conquise par le cinéma des Larrieu dont la loufoquerie omniprésente me semblait toujours un peu artificielle. Dans le mélo, ils excellent et ce film est sans conteste ni hésitation celui de leur filmo que je préfère. Le seul reproche que je ferais est le choix de l'acteur Jim adulte (il est vraiment mauvais). Pour le reste de la distribution, les filles sont très bien. Laetitia Dosch se sort avec intelligence d'un rôle délicat, pas évident, pas forcément sympathique. Sara Giraudeau illumine le film de douceur, de tendresse et d'une altruiste bienveillance. Bertrand Belin est également parfaitement juste dans un personnage qui aurait pu être détestable. Eol (!!!) Personne dans le rôle de Jim enfant est très bien. Et évidemment Karim Leklou qui semble ne vouloir ou pouvoir jamais s'imposer, trouver sa place, est bouleversant.

Il peut être recommandé de ne pas oublier ses mouchoirs et de s'accrocher au fauteuil lors d'une scène magnifique mais vertigineuse au sens premier du terme... (clic : http://www.surlarouteducinema.com/media/02/00/654744566.jpg)

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le 21 août 2024

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