Le Roman de Mildred Pierce par Alligator
J'adore le travail de Curtiz. Là encore sur le plan formel, le bonhomme démontre qu'il possède son métier. Son obsession de l'ombre parlante est toujours d'actualité sur celui-là. Les murs parlent. Toujours avec justesse et bon cadre.
La photo d'Haller convient bien aux canons du noir, ténébreuse à bon escient.
Le film emprunte beaucoup aux mélos. J'ai immédiatement trouvé de nets liens dans le parcours émancipateur de Joan Crawford avec celui de Claudette Colbert dans l'Imitation of life de Stahl, sans parler du conflit générationnel et affectif entre la mère et la fille dans les deux Imitations of life (Stahl et Sirk).
Tout le drame de cette histoire est dans l'incompréhension et le refus de voir la réalité en face des personnages. La mère refuse de voir qu'en éduquant ainsi sa fille elle ne crée qu'un monstre. Le film interroge la maternité, le lien de la filiation de manière un peu trop flou pourtant. D'aucuns me soutiendront que le fait de survoler les relations humaines, d'aller un peu trop vite dans ces relations reflète le manque affectif entre la mère et la fille, le fossé qui se creuse inexorablement. Toutefois, j'ai vraiment ressenti une gêne à de nombreuses reprises sur ce manque de liant, plus que de liens. Dans la narration, certaines résolutions de problèmes par la mise en scène me sont apparus comme un peu trop légers. Que ces élusions répétées nuisaient à la crédibilité des personnages. Au delà du fait que les personnages ont vite usé ma patience, ma capacité à supporter leur comportement, j'ai l'impression que du point de vue narratif, le récit franchissait de manière beaucoup trop allègre certains écueils.
Le casting n'est pas des plus époustouflants. La beauté de Joan Crawford et de la petite Ann Blyth est indéniable. La plus âgée s'y adjoint un réel talent de comédienne. On sent que la dame a du coffre.
Les mâles font pâle figure. Surtout le coincé Bennett.