Il fallut tout le talent de persuasion du producteur Jerry Wald pour convaincre la Warner d'adapter le roman de James Cain. Wald, et les nombreux scénaristes qui se succèderont, modifient le roman original au grand dam de l'auteur et le font basculer vers le film noir en ajoutant une intrigue criminelle. C'est le scénariste Ranald Mac Dougall qui donne la version définitive. La réalisation est confiée au metteur en scène maison Michael Curtiz. Il semble que le tournage fut houleux. Il s'agit, tout d'abord, d'un magnifique portrait de femme : une femme méprisée, bafouée, trompée, humiliée mais courageuse, gardant la tête haute, gagnant son indépendance, elle affronte un à un les tourments et les souffrances faisant tout pour ses enfants. Dans ce rôle fabuleux, on assiste au retour triomphal de Joan Crawford qui se révèle ici absolument formidable. Il faut souligner aussi la composition d'Ann Blyth. Tout fonctionne dans ce film : narration fluide et limpide, dramaturgie qui va crescendo, mise en scène élégante et créative, photographie magnifique. Un classique à voir et à revoir.