Vie du clan

Les hommes ne sont jamais aussi dangereux que quand ils se vengent de crimes qu’ils ont eux-mêmes créés. C’est un engrenage sans fin, moteur de la guerre en général, ici pour le clan. Voir tomber ses proches, ses amis, réclame vengeance. La raison profonde disparaît, noyée dans la colère, la douleur et la peur. C’est pourquoi le film ne la questionne jamais. En effet miroir, il y a l’amitié indéfectible, à la vie à la mort entre les membres du clan. L’amitié fonctionne de la même manière que la vengeance, comme son double, puisqu’il s’agit uniquement d’une fraternité d’armes. Lésia, la jeune femme, est le vecteur du film, c’est elle qui nous plonge dans le milieu très secret du clan. Des relations familiales meurtries au gré des événements. On nous fait croire que le clan est source de bonheur et d’amour, mais une fois encore, l’attente est déçue. Est-ce la raison pour laquelle la colère, la rancœur se transforme en haine fondamentale transmissible ? Un film assez sombre et violent d’une époque que l’on espère révolue. Le clan de la brise de mer qui a longtemps régné sur le trafic est dissout, malheureusement il y a des repreneurs. La face cachée d’un gang, l’origine de leur immense fortune, c’est le racket des commerçants, les night-clubs, les cercles de jeux, les sociétés immobilières fictives et les marchés publics frauduleux. Le jeu des acteurs est banal. Choisir des gens natifs de cette région pour offrir de l’authenticité et jouer leurs propres rôles sans autre critère de diction ou d’incarnation, c’est la solution de la facilité. Les images sont dignes d’un téléfilm. Sans doute un brin autobiographique de la part du réalisateur-scénariste. Le film est intéressant pour comprendre les vendettas et cette culture de la vengeance bien ancrée dans les mœurs de l’île.