Chat, ch'est un film charmant

Celui qui, en commençant à voir ce Royaume des chats, s'attend à un autre chef d'œuvre dans la lignée des Nausicaa, Chihiro et autres Château dans le ciel sera affreusement déçu. Ce film ne leur est en rien semblable, tant son ambition est moindre et son résultat inférieur.

Non que ce film regorge de défauts, bien au contraire. Tout au plus relèvera-t-on une durée un poil trop courte, un ou deux retournements de situations prévisibles et quelques astuces scénaristiques un peu flemmiardes (on se souviendra notamment de la mianière par laquelle Haru est convaincue d'aller au miaounistère des chats) ; encore ces derniers points peuvent-ils s'expliquer par le genre du film, lorgnant plus vers le conte qu'autre chose.
Comment expliquera-t-on alors que ce film n'imprime pas en nous le souvenir qu'ont laissé d'autres œuvres du studio ? Sans doute faut-il y voir une miarque de conception. Tout simplement, il n'a pas été conçu pour être un chef d'œuvre, une gemme intemporelle ; seulement un bon film.

Et ce n'est pas mial du tout. C'est même très bien comme cela : tout film n'est pas Citizen Kane, ni n'a vocation à l'être. Si le lièvre à la royale est un plat sans égal, il n'en faut pas mépriser le croque-monsieur pour autant.

Mais si ce film est un croque-monsieur, il est très bien préparé, avec d'excellents ingrédients, cuisiné par des maîtres et qui remplit son office à merveille sans lui donner une ambition qu'il n'a pas.

Le lecteur sera donc déçu s'il s'attend à un chef d'œuvre ; mais s'il se prépare à un excellent divertissement, il sera royalement récompensé, surtout s'il aime ces créatures ingrates et poilues qui le parcourent. L'animiation est superbe, avec des plans de toute beauté (l'escalier de corbeaux, la miarche des chats en début de film, la tour reliant le royaume des chats au monde des humains…), les comédiens s'en donnent à cœur-joie, les personnages sont intéressants, le scénario est dépaysant, bref, c'est un régal tel qu'on en ronronne presque de contentement. On notera en particulier la "morale", offerte sans lourdeur, sur la confiance en soi (la dernière scène, à cet égard, est très réussie) et la récompense des bonnes actions.

Un très bon film, donc, sans grande ambition, mais parfaitement réussi dans les limites qu'il s'était fixé.

Chalut et à demain, si on veut bien !