Un joli village d’Allemagne reposant au milieu des champs de blé, l’été et des étendues de neige immaculée, l’hiver. Village d’une campagne paisible avec ses paysans et leur maître : le baron et sa famille, son instituteur, son docteur, son pasteur. Petit village propret où règne l’ordre, chacun connaît la place qui est la sienne et la respecte.
Petit village sans histoire… Jusqu’au jour où un accident provoqué arrive au docteur, accident bientôt suivi de plusieurs autres incidents troublants. Et le spectateur découvre que ce charmant village est le lieu d’une violence larvée, dissimulée et omniprésente. Violence religieuse qui pèse de tout son poids sur les consciences et les comportements à travers le pasteur, violences parentales d’ordre psychologique ou psychique, violence verbale, violence conjugale, violence sexuelle et même violence policière au moment où les gendarmes viennent enquêter sur les événements. Faut-il s’étonner alors qu’en ce lieu où la violence est partout mais bien dissimulée derrière les portes fermées et les silences gardés, des accidents surgissent comme la lave d’un volcan qui couve et qui cherche la moindre issue pour s’écouler ! La guerre de 14 qui se déclenche à la fin du film n’est que le fruit à l’échelle mondiale de la violence régnant à l'échelle de ce village.
Dans ce milieu anxiogène et répressif une jeune fille timide et douce détonne et nous donne de respirer un air frais grâce à elle. Elle apporte une touche d’humanité en ce lieu déshumanisé.
Michael Haneke signe là un thriller efficace dans un superbe noir et blanc qui magnifie le lieu et renforce le caractère inquiétant de cette histoire qui nous est racontée par la voix de l’instituteur désormais âgé rapportant les souvenirs des événements passés.