Le Sabre du Nihiliste

J'avoue avoir été bluffé par les 30 premières minutes de ce film de samouraïs. Un scénario toxique se met en place, où un expert en lames amoral et apathique cause la mort d'un rival. Le tout dans une belle photographie exploitant les clairs/obscurs, et une mise en scène très inspirée. En particulier, un intense duel quasi-statique, et un règlement de compte en forêt filmé pratiquement en plan-séquence.

Malheureusement, si le reste du film demeure très esthétique, il souffre d'une intrigue peu engageante. Je comprends l'idée que le protagoniste soit en fait un méchant ignoble, tuant sans sourciller, et traitant sa famille avec dédain. Et qui sombre lentement dans la folie tout en se préoccupant peu des profondes mutations du Japon de l'époque (année 1860 - le shogun va se faire remplacer par l'ère Meiji, et les samouraïs vont disparaître).

Le hic c'est que des personnages secondaires seront en fait peu utiles. Avec des sous-intrigues pas vraiment résolues. Et la multiplicité des personnages tertiaires et des embrouilles autour d'assassinats politiques n'aide pas à fluidifier le récit.

Là encore, cela reflète peut-être le propos nihiliste du film et le détachement du protagoniste. Mais cela rend le film difficile à pleinement apprécier, surtout pour un spectateur occidental. Je dois avouer que je suis davantage habitué aux films de Kurosawa, beaucoup plus universels...

Néanmoins tout le film demeure très beau. Avec en particulier quelques combats aussi soignés que graphiques. Dont une rixe sous la neige, ou une boucherie finale.

Je retiendrai aussi la prestation des acteurs. Dont Tatsuya Nakadai en samouraï psychopathe halluciné. Et Toshiro Mifune, impérial dans un rôle court mais important pour l'intrigue.