On ne fera pas l'affront de comparer les films de Clouzot et Friedkin à cette ignoble purge qui représente tout ce que Netflix est capable d'afficher fièrement en Une sans une once de respect pour son spectateur. Clouzot doit faire des triple saltos dans sa tombe, et Friedkin doit fumer dans son urne, face à ce désolant spectacle d'effets spéciaux bâclés (les explosions sont vraiment moches), d'introduction qui est un interminable concours de calcifs entre les mecs à gros bras (n'espérez rien de l'unique rôle féminin péniblement tenu par Ana Girardot, c'est un faire-valoir), de jeux d'acteurs affligeants (Frank Gastambide, Alban Lenoir et Sofiane Zermani font un second concours : celui du regard ténébreux qui dure 10 secondes, sans aucune raison, et dit "même mon regard a des abdos"), de la musique imperceptible (Eric Serra mixé par une intelligence artificielle, et au volume sonore niveau 1, non ?), des méchants qui sont très très méchants (et stupides), et une chute de camion intégralement faite en numérique, qui rince les yeux et fait regretter amèrement le final de Duel (qui a dû coûter dix fois moins que cette superproduction Netflix, on vous le parie). Ne perdez pas votre temps avec ce remake qui usurpe la notoriété de deux très bons films, case son casting frenchy au forceps (une histoire de contrats à rentabiliser) sans s'inquiéter de la crédibilité de ses personnages, qui fait tellement de bruit (film gueulard) qu'on n'arrive même pas à cerner la musique de Serra derrière, qui met trois plombes à démarrer (l'intro est infernale), qui crame les yeux avec ses effets numériques infects, et nous abandonne à moitié ahuris devant sa fin bâclée. Plus qu'un massacre d'un titre culte, plus qu'un mauvais produit Netflix, on a l'impression que le convoi entier nous a roulé dessus.