Palme d'or au festival de Cannes et ours d'or à Berlin, Le Salaire de la Peur, adaptation du roman de Georges Arnaud par Henri-Georges Clouzot, nous envoie en Amérique centrale suivre un groupe d'européen échoué à Las Piedras, une pauvre bourgade. Lorsqu'un puits de pétroles est détruit par un incendie, quatre d'entre eux acceptent de transporter un chargement de nitroglycérine sur 500 kilomètres au périls de leurs vies, avec comme but de toucher l'énorme prime pour fuir de pays.
L'oeuvre est clairement divisés en deux parties, d'abord une longue première, décrivant méticuleusement la misère et la pauvreté de cette petite ville ainsi que tous les voyageurs et vagabonds qui y échouent. Décrivant aussi des hommes prêt à tout pour gagner un peu d'argents et étudiant des comportement parfois égoïstes ou désespérés. Tout le long du film, Clouzot rajoute une forte dimension et un contexte politique et social.
La deuxième partie, elle est aussi sur un rythme assez lent (mais adéquat), est sous forme d'un road-movie sur cette longue route, à bord des dangereux camions où la encore il étudie méticuleusement l'âme humaine, et justifiant le titre du salaire de la peur. L'écriture est de très grande qualité, que ce soit au niveau des personnages ou du scénario, mêlant intelligence, finesse et une belle, triste et complexe étude humaine à travers ses quatre protagonistes, notamment celui de Mario.
Le suspense nous tien en haleine de bout en bout et le rythme lent est adéquat à ce récit très riche. Le montage est impeccable et la réalisation de Clouzot l'est tout autant. L’atmosphère âpres, parfois sombre et lourde, est prenante, aidée par une absence de musique à l'exception de quelques touches classiques par rare moment. Le noir et blanc crépusculaire est impeccable et sublime les superbes paysages, extérieurs notamment. Côté interprétation, c'est dominé par un très grand et charismatique Yves Montant, donnant puissance et complexité à son personnage, les autres acteurs, à l'image de Charles Vanel ou Folco Lulli, sont impeccables.
Clouzot livre-là une très grande œuvre, emmené par un immense Yves Montant et d'une richesse d'écriture éblouissante et dont la vision pessimiste de l'homme fait froid dans le dos... Complexe et brillant.