Le Salon de musique par Biniou
La déchéance d’un aristocrate indien face à l’arrivé du capitalisme et donc de la bourgeoisie dans une société ou il n’est plus que l’ombre de lui-même, voilà ce que nous raconte Ray dans ce magnifique film. Et ce fameux Salon de musique est le lieu ou ce noble qui ne vit que de ses rentes, particulièrement fier d’être bien né, aime montrer combien il est riche et sophistiqué. Sa passion pour la musique étant pour lui, signe de sa supériorité intellectuelle, il donne donc avec un plaisir non dissimulé de grande fête musicale pour assurer son assise sur la communauté qu’il régit. Malgré tout les défauts de cet homme orgueilleux, c’est à lui que va notre compassion, le voir passer sa journée a fumer sa chicha, enfermé dans son univers mental qui le préserve des bouleversements environnants devient alors comme regarder un homme contempler sa propre mort. C’est beau.
Et quand en plus tout cela est mise en scène avec un brio incroyable et que Ray évite tout manichéisme, car oui cet homme est un con, tout le long du film son entêtement équivaux à des relents d’archaïsmes mal placé. Mais comment ne pas comprendre ou au moins entendre le cri d’un homme qui sacrifie tout pour l’art, sa famille, sa fortune mais aussi sa propre vie. Le monde a changé, oui, lui reste droit et englué dans sa vision du monde, certes, mais son départ ne manque pas d’un certains panache.