Pour beaucoup ici sur senscritique, Le Samouraï est l'œuvre de la maturité, le chef d'œuvre absolu de Jean-Pierre Melville ... et ce n'est pas moi qui vais les contredire. C'est aussi un film hommage aux polars US des années 40/50 et qui sera lui même source d'inspiration vingt ans plus tard pour bon nombre de polars made in HK (on pense tout de suite à The Killer de John Woo) et coréens (A Bittersweet Life de Kim Jee-woon).
Alain Delon est Jeff Costello, un tueur à gages. Voilà, inutile d'en dire plus sur le scénario, tout est là, tout tourne autour de la psychologie de ce personnage. C'est un tueur à gages froid, dont l'efficacité n'est jamais remise en cause. On ne sait rien de son passé ni de son présent, on sait juste qu'il exécute ses contrats sans se poser de questions (il n'est pas là pour ça).
Alain Delon est (avec Jean-Paul Belmondo) une icone du cinéma français des années 60/70 et ici, sous la caméra de Jean-Pierre Melville, il est d'autant plus iconifié. Alain Delon est présent sur quasiment chaque plan du film, Le Samouraï EST Alain Delon et Alain Delon EST Le Samouraï. Et jamais les décors intérieurs n'auront été et ne seront aussi beaux que dans Le Samouraï. On sent l'influence d'un Alfred Hitchcock dans la direction artistique et dans la façon de concevoir sa mise en scène, ça l'a toujours été dans ses précédents films, mais c'est encore plus vrai ici. Tous les plans du film, les cadrages et la photographie sont magnifiques.
On retrouve aussi dans Le Samouraï les mêmes quartiers de Paris que dans Bob le flambeur, mais la comparaison s'arrête là. Il n'y a pas plus opposé que Jeff Costello "tueur à gages froid et imperturbable" et Bob le flambeur "ancien gangster repenti et fort sympathique". Et puis face à Alain Delon, il y a Cathy Rosier "l'atout charme du film" qui joue le rôle d'une pianiste dans un club de jazz et dont la beauté hypnotise au premier regard. Et pour finir nous avons l'autre atout charme du film en la personne de Jane (aka Nathalie Delon) qui symbolise un peu le désespoir et l'amour perdue, tandis que François Perrier est le commissaire qui symbolise le rapport de force avec Jeff.
Le Samouraï c'est la perfection incarnée, un film culte et un chef-d'œuvre pour tous ceux qui l'ont vu. C'est aussi la collaboration la plus mémorable entre Jean Pierre Melville (son meilleur film) et Alain Delon (son meilleur rôle) et un film qui s'inscrit dans la parfaite lignée des polars "tragiques" de Jean-Pierre Melville avec Le Doulos et Le Cercle rouge.