Des talbins larges comme des cahiers d’écoliers et bruissants comme du papier sulfuré, des flics tirés à quatre épingles, des imperméables à ras-bord de flingues, de flic extra-lucides et de bandits d’honneur, des sois-belle-et-tais-toi, du jazz, des rues sombres, et des second-rôles pantinisés par des dialogues navrants.
La rengaine affligeante du thriller grand public à la française des années gaulliennes, qui servent d’ailleurs parfois d’alibi aux esthètes politisés nous expliquant pourquoi une œuvre, quand bien même ternie par le temps, garde une part de subtil émerveillement.
Mais "le temps ne fait rien à l’affaire, pas de controverses", qu’on soit Melville ou Delon, quand c’est mal fait, c’est mal fait.
Alors, où chercher la tare originelle ?
La vanité ? Peut-être.
Melville aimait à se qualifier de génie, et Delon de demi-dieu, en plus d’être coutumier des rôles de super-flic consternants, et stupéfiants de clichés virilisés comme une chanson de Johnny.
Piste à creuser.
L’environnement politique ? Aussi.
Le gouvernement Pompidou sous De Gaulle ne pouvait que reconnaitre l’inefficacité des accords Blum-Byrnes signés en 46 et limitant la diffusion des productions US en France. Il fallait produire français, quitte à honteusement singer les américains qui nous giflèrent comme des morveux avec "Bullit" ou "L’affaire Thomas Crown", entre autres.
Le contexte sociologique ? Surement.
Est-il utile de rappeler la lourdeur morale des années 60? Ceux qui la regrettent seraient-ils les mêmes qui trouvent mille qualités à ce film? Pourquoi pas.
L’argent ? mais je m’égare peut-être…
Melville en devait-il au fisc, allez savoir.
Ou… Possiblement un peu des quatre.
Finalement, le seul intérêt de ce film, c’est tenter de comprendre pourquoi il est si mauvais.