Droits dans leurs socques
Je dois avouer que pour moi, un film de samouraïs agit comme un western sur Pruneau, et un film de yakuzas comme un film noir sur Kalian : c'est plus fort que moi, il faut que je le voie. Autre folklore, autres décors, mais même fascination.
Bon, avec Le sang de la vengeance, me voilà donc doublement heureux : Kato en plaçant son histoire en 1907, s'attache à décrire la lente mais inéluctable dégénérescence qui s'annonce dans le monde des yakuzas : si certains sont encore fidèle à un code d'honneur hérité des samouraïs, de nouvelles méthodes se font jour, avec des chefs de clan plus occidentalisés, corrompus par le profit marchand, et décidés à gagner coûte que coûte, même par des voies malhonnêtes .
La rigueur de la réalisation est peut-être ce qui frappe le plus, comme si à l'image du clan Emoto qui veut à tout prix rester honnête, et loyal aux valeurs du passé, le réalisateur prenait ses distances par rapport à des collègues plus excentriques (Oshima, Suzuki etc...) pour avancer lentement, posément, tout en retenue. Cadrages parfaits, jeux sur les touches de couleur, direction d'acteurs toute en finesse, scénario très soigné, Kato maîtrise ! Mais la rage et la violence n'en sont pas amoindries, au contraire, et malgré quelques tentations - parfois - à verser du coté du bon sentiment, à l'arrivée la morale du film est assez noire : il est impossible de garder les mains propres quand on se bat contre des ennemis qui, eux, ont les mains sales.