Petite production britannique, cet "Ironclad" était sorti cet été sans faire de bruit, et c'est d’ailleurs seulement maintenant, avec du retard, que je le découvre. C'est d'ailleurs en le voyant que j'ai compris pourquoi le film avait fait aussi peu de bruit. D'une part c'est un film assez atypique dans sa forme et dans son propos, ce qui n'est jamais facile à vendre avec une bande-annonce, mais d'autre part le côté cheap de la production se ressent quand même pas mal, ce qui ne rassure jamais vraiment lorsqu'il s'agit de faire de la reconstitution historique. Malgré tout, il me semble qu'il faut rendre justice au film : c'est vrai que le manque de moyen se ressent, faute à l'absence « d'effet de masse » propres aux super-productions, mais au-delà de ça le film est très propre, bien mené, et surtout doté d'une belle brochette d'acteurs (James Purefroy, Brian Cox et le génial Paul Giamatti en Jean Sans Terre !), ce qui compense largement. Alors c'est sûr que le film semble se résumer à une espèce de film de genre obscur, simple prétexte à voir des scènes de batailles sanglantes et crues, le tout se cachant vaguement derrière un contexte historique plus qu'il ne le met en valeur. Ah ça ! Il est évident que les âmes sensibles devront s'abstenir. Mais à mes yeux cette violence n'est pas gratuite. Au contraire, je trouve que le mérite de ce film est de parvenir à mêler deux exigences : il réussit tout d'abord à s'engager sur une période de l'Histoire assez méprisée par le cinéma. Je ne parle pas du Moyen-âge, mais plutôt de ces périodes qui succèdent aux avancées sociales et politiques. Oui, on nous montre souvent en quoi consiste le combat pour acquérir un droit, mais on nous montre rarement le combat qui existe par la suite pour le conserver. Et cet "Ironclad" l'illustre fort justement, et pour l'occasion sa violence crue se révèle totalement à propos. Ensuite, ce film a pour second mérite d'avoir su mêler cette peinture historique au genre du « survival horror » version médiévale. Et je trouve que c'est d'ailleurs la vraie bonne idée du film : un film d'horreur, ce n’est pas forcément avec des zombies, puisque les hommes savent parfaitement faire les monstres quand ils s'y entendent. Du coup, il est vrai que ce mix étrange pourra en surprendre plus d'un au final – et en laisser d'ailleurs sur la touche – mais pour ma part, c'est ce qui m'a vraiment plu dans cette démarche. Alors certes, en fin de compte le film n’est peut-être pas un bouleversement cinématographique, mais il a néanmoins été pour moi une bonne petite bouffée d'air frais sans prétention, qui ne fait pas de mal de nos jours. Il est a suivre ce Jonathan English...