Le Sang séché par Teklow13
Pour protester contre le plan de licenciement de son entreprise, Takashi Kiguchi tente de se suicider à l'aide d'un pistolet. Largement relayée par la presse, la nouvelle du sacrifice de Kiguchi, qui a échappé de peu à la mort, se répand dans tout le pays. Yuki, qui travaille au service de communication des assurances Shôwa Seimei, a alors l'idée d'utiliser le désormais célèbre Kiguchi pour une campagne publicitaire...
Tout comme dans son premier film, Yoshida décrit la société japonaise capitaliste et en reconstruction des années 60 avec pessimisme et rage.
Plus abouti et maitrisé que Bon à rien, la frénésie qui résulte du découpage des plans dans la première partie du film est impressionnante, le sang séché possède aussi une écriture plus dense.
Kiguchi, homme timide, perdu, désœuvré, est le pantin d'une société de consommation, le jouet de rapaces en tout genre : médias, politiques, chefs d'entreprises, qui lui donnent la sensation d'enfin exister avant de le détruire totalement.
Comme souvent je retiens un plan : celui d'une affiche géante placardée sur un immeuble à l'effigie de Kiguchi. Cette affiche montrant Kiguchi flingue sur la tempe, message publicitaire servant d'exemple et permettant à cet homme d'être dans la lumière et d'être célèbre un instant, souligne toute l'absurdité de ce sytème. C'est le symbole d'une ascension illusoire, purement factice et passagère Cette affiche sera décrochée un peu plus tard, elle s'écroulera au sol accompagnant la chute fatale de Kiguchi.
Très très noir, mais très bon film.