Sorti en 1946, Le Secret derrière la Porte fait partie de cette longue lignée de films gothiques appartenant à la période de l’âge d’or hollywoodien. On y découvre Celia Barett, une jeune femme incarnée par Joan Bennet, qui rencontre en voyage au Mexique un mystérieux homme aux allures bourgeoises, Mark Lamphere. Le coup de foudre est immédiat et le mariage est organisé sur le champ. Celia part alors vivre chez son époux, dans une grande demeure victorienne perdue au coeur de la campagne américaine. Là, elle découvre un endroit empli de mystère tandis que son mari semble soudainement lui vouloir du mal...
Barbe-Bleue
La particularité de ce long-métrage est que son réalisateur, Fritz Lang, voulait en faire une adaptation moderne de Barbe-Bleue, ce terrifiant personnage de contes de fée ayant tué toutes ses épouses. D'ailleurs, dans son exemplaire personnel de The Victoria Dock 8, roman duquel le film est adapté, le cinéaste allemand avait coché au crayon toutes les similitudes de l'histoire avec le conte de Barbe-Bleue. Le moins que l'on puisse dire, c'est que celles-ci sont nombreuses : comme dans le conte, Mark Lamphere interdit formellement à sa femme de pénétrer dans une pièce précise au risque de courir un grave danger. Un autre clin d'oeil est l'obsession de Mark de « collectionner » des chambres dans lesquelles des hommes ont tué leurs épouses ou leur mères.
Cependant, le film ne s'arrête pas à Barbe-Bleue et regorge de références à d'autres contes. Ainsi, se trouve une scène se déroulant au Mexique où la chaperonne accompagnant Celia se compare avec humour au dragon de La Belle au Bois dormant en empêchant tout homme d’approcher sa protégée. Elle échouera finalement dans cette mission en laissant Mark Lamphere lui adresser la parole. Plus tard, lorsque Celia se retrouve dans la demeure conjugale et qu’elle se rend compte que son mari est un homme aux pulsions violentes, elle s’identifie alors au personnage de Belle dans La Belle et la Bête, elle aussi étant enfermée dans un manoir reculé de toute civilisation en compagnie d’une personne au comportement bestial.
Enfin, les décors du film constituent eux aussi des références directes aux contes de fées. Le paysage mexicain médiéval et ancien, visible au début de l'histoire, nous renvoie directement au conte et à sa désormais célèbre phrase d’introduction: « Il était une fois dans un royaume lointain,... ». Par la suite, l'intrigue se déplace dans un grand manoir, vision déformée et inquiétante des châteaux magiques.
Le secret derrière la Porte, c'est donc un fabuleux voyage dans un monde gothique empreint de féerie macabre...