Autant être clair dès le départ : en dépit de velléités louables pour nous surprendre par un scénario malin, « Le secret des Marrowbone » ne réussira à étonner que ceux n’ayant pas vu les œuvres dont s’inspire fortement Sergio E. Sanchez. Et, en premier lieu et sans donner trop d’indices, on citera « Les Autres » et « Identity » dont ce film pourrait apparaître comme un croisement une fois ces rebondissements plutôt intéressants dévoilés. Sanchez est également le scénariste de « L’Orphelinat » et cela se ressent. L’empreinte du film finalement réalisé par Bayona est prégnante dans ce premier long-métrage. Même ambiance gothique et rétro, frissons approchant le giallo italien et drame familial au cœur de l’intrigue, pas de doute le scénariste devenu réalisateur a une patte. Cependant, si elles sont bien digérées, ses influences venues de la nouvelle école fantastique espagnole et des illustres œuvres citées plus haut ne parviennent pas à rendre le film original. C’est peut-être son point faible principal bien qu’on soit quand même pris dans l’intrigue et que les retournements de situation parviennent quand même à nous avoir.
Dans ce film à priori fantastique où l’angoisse se fait à l’ancienne, on apprécie que la musique stridente pour nous dire à quel moment sursauter et les effets de terreur faciles ne soient pas au rendez-vous. D’ailleurs, le metteur en scène préfère clairement suggérer l’horreur qui se tapisse en ces murs et nous angoisser avec des indices parsemés durant tout le film. Ceux-ci et l’atmosphère générale nous indiquant parfaitement que quelque chose de vraiment étrange se trame dans cette bâtisse. Dommage de ce fait qu’on n’ait pas beaucoup ni vraiment peur mais que ce soit plus l'ambiance générale qui soit malaisante. C’est inquiétant, parfois glauque, mais on ne peut pas dire que le grand huit émotionnel de la peur se trouve dans « Le secret des Marrowbone ». Pourtant, cette immense demeure où se déroule la majeure partie du film a tous les atouts pour, et Sanchez sait en optimiser l’espace à merveille.
On apprécie la place faite à l’émotion et aux sentiments humains ici comme c’est souvent le cas dans un certain cinéma fantastique actuel. La tragédie qui se joue avec ces enfants laissés seuls nous émeut, ce qui permet une plus forte identification aux personnages. George McKay, découvert dans « Captain Fantastic » porte le film et réussit à nous attendrir et, de ce fait, à rendre crédible un personnage qui aurait pu devenir, in fine, grotesque. Le reste de la distribution, constituée de jeunes espoirs du cinéma international n’est pas en reste. Plastiquement superbe, ne souffrant d’aucune incohérence majeure (ce qui peut arriver à la deuxième vision dans ce type d’intrigues à rebondissements) et émouvant dans sa manière d’emprunter au fantastique pour sceller une histoire familiale dramatique, « Le secret des Marrowbone » convaincs tout en divertissant. Un bon moment.
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