Ma vidéo critique sur Le Seigneur des Anneaux - La Guerre des Rohirrim
Sorti un peu de nulle part, Le Seigneur des Anneaux a décidé de faire son grand retour au cinéma avec une nouvelle histoire assez inédite en animation. Autant qu’on se le dise, personne ne s’attendait à entendre à nouveau parler de cette saga culte et encore moins avec un long-métrage d’animation. Malgré un bon succès financier pour la trilogie Le Hobbit, qu’on aime ou pas, avoir un nouveau long-métrage de cet univers n’était pas forcément nécessaire mais ils l’ont fait quand même. Et donc, que vaut ce chapitre inédit ? Est-il à la hauteur de la trilogie de Peter Jackson ? Bien sûr que non (c’était une évidence) ! Est-il un mauvais film à oublier ? Honnêtement non. On peut ne pas aimer, surtout en le comparant à la trilogie que la majorité adore mais ça n’en fait pas un mauvais film.
Positif
- Héra (Marion Gress) est la fille du roi Helm, c’est une jeune femme qui rêve d’exploration du monde malgré qu’elle prenne ses devoirs au sérieux pour aider sa famille. Elle a un bon soutien d’une famille qu’elle apprécie beaucoup tout en étant écrite comme un vrai personnage avec une évolution et un développement. Vraiment, ce n’est peut-être pas le meilleur choix pour une protagoniste mais elle n’est pas inintéressante. Surtout que l’histoire nous est conté par Eowyn, qui l’a certainement vu en modèle plus jeune pour devenir celle qu’on a connu dans la trilogie de Peter Jackson. Enfin, elle reste une protagoniste attachante et assez intéressante grâce à son développement.
- Helm Poing de marteau (Gérard Darler) est le roi du Rohan et il est déterminé à protéger sa fille et son peuple de ses ennemis. Réputé pour avoir une énorme force dans les bras (ce qui est prouvé), Helm est un roi qui ne se rend jamais et ne donne jamais de signe de faiblesse à ses ennemis. Il est vrai qu’il aurait pu être le protagoniste du long-métrage vu qu’il est probablement le personnage le plus intéressant mais ce qu’ils en ont fait ici se tient également. Un roi protecteur avec une grande estime pour ses fils et une trop grosse protection pour sa fille dont les erreurs de jugement vont le faire payer.
- Olwyn (Vanina Pradier) est la gouvernante d’Héra et une ancienne combattante qui a juré de veiller sur Héra en la protégeant. C’est surtout une des seules amies qu’elle a et il faut reconnaître qu’elle est un bon soutient pour Héra quand elle en a besoin.
- Haleth (Mario Bastelica) est le premier frère d’Héra, c’est un jeune homme calme qui aime chanter malgré qu’il soit un très bon archer. Sa personnalité le rend très sympathique malgré qu’on le voit peu, on arrive tout de même à s’attacher un peu à lui vu le soutien envers sa sœur.
- Hama (Bastien Jacquemart) est le deuxième frère d’Héra, c’est un homme sympathique qui semble beaucoup apprécier le combat et qui n’hésite pas à se battre pour son peuple et son roi. Peu de choses à dire sur lui mais il est pas trop mal.
- La narratrice / Eowyn (Barbara Tissier) est juste celle qui raconte l’histoire. La seule chose à dire c’est que c’est sympathique de retrouver Barbara Tissier en Eowyn comme à l’époque. Notamment dans le fait, encore une fois, qu'on peut imaginer qu'elle se serait inspirée d'elle pour devenir telle qu'elle est.
- Wulf (Augustin Bonhomme) est le fils de Freca, le seigneur de l’Ouest, et celui-ci a juré vengeance auprès de Helm afin de venger son père. On pourrait le voir comme un sale gosse malgré son comportement envers Héra mais, en vérité, plus le long-métrage avance et plus il devient un antagoniste assumé et intéressant. Un homme tellement obsédé par la vengeance qu’il en oublie et en perd tout le reste, c’est vraiment intéressant en tant qu’antagoniste.
- Targg (Daniel Njo Lobé) est le général au service de Wulf, c’est un homme d’honneur qui le suit mais qui va de plus en plus mettre sa morale en avant pour questionner son commandant, un personnage pas trop mal. Pas très important car pas trop de développement mais son évolution le rend vraiment plus réussi.
- Certaines relations sont intéressantes ici. D’abord, il y a Héra et Wulf, deux amis d’enfance qui s’aiment beaucoup mais dont la vengeance de l’un et l’envie d’exploration de l’autre vont les empêcher d’être ensemble. Héra ne semble jamais montrer de véritable attirance pour Wulf mais on sent qu’elle tient beaucoup à lui malgré tout en gardant un certain espoir de revoir son ami d’enfance. Sinon, on a aussi Héra avec Helm dont celui-ci n’a pas beaucoup d’estime pour sa fille et ne souhaite que sa sécurité. Franchement, leur relation est moins mise en avant mais elle n’en demeure pas moins intéressante au fur et à mesure des choses.
- La dichotomie entre Wulf et Héra est intéressante. Là où les deux ont leur famille pour les soutenir, l’un finit obsédé par cette vengeance qui le fera sombrer de plus en plus et l’autre garde espoir en continuant de se battre pour son peuple. Sans parler de l’amour de Wulf pour Héra qui va disparaître au fur et à mesure de son obsession. Non vraiment, la dichotomie s’en sort pas trop mal en vérité.
- En terme d’évolutions, on en a quand même quelques unes. On a Wulf qui devient tellement obsédé par sa vengeance qu’il en perd son sens moral et ce qui compte encore pour lui, Héra qui par ce qu’elle va traverser va devenir plus forte et tenter d’accomplir son devoir, Helm qui apprend de ses erreurs par rapport à sa fille. On a des évolutions réellement intéressantes ici.
- Le long-métrage commence par la découverte d’Héra qui court avec son cheval dans les plaines pendant que la narratrice nous parle de certaines choses qui se sont passées avant la Guerre de l’Anneau. C’est une introduction intéressante pour nous donner envie d’en savoir plus sur notre protagoniste et sur la suite des évènements.
- Les moments d’action ne sont pas grandioses notamment parce qu’il y en a peu et que la mise en scène est simple mais elle est pas mal à quelques instants. On ne peut pas nier que les quelques moments d’action du long-métrage restent un peu dans la tête (juste que l’épique est moins fort que ce qui a été fait avant).
- En terme de symbolisme, on a des idées intéressantes. Que ce soit la blessure à l’œil de Wulf d’Héra, la cicatrice d’Héra, la famille pour nos deux personnages, son peuple pour Héra, la vengeance pour Wulf… On dira ce qu’on veut mais le symbolisme se tient bien ici.
- On y retrouve des références au Seigneur des Anneaux qui sont assez sympathiques qui ne nous sortent pas du long-métrage. En fait, ces références sont des clins d’œil qui font plaisir à voir malgré que le long-métrage reste concentré sur lui-même.
- On arrive à être surpris pour ce que ça propose. En fait, lors du premier visionnage, la majorité des choses qu’on voit arrive à surprendre, y compris sur les morts qu’on verra ou les actions de certains personnages.
- La VF est assez qualitative. Sincèrement, on sent que la VF a été travaillée comme il se doit de la part de la majorité des comédiens et comédiennes. Les voix collent assez bien aux personnages et ils sont investis.
- La fin est plutôt sympathique, notamment pour Héra après tout ce qu’elle a traversé. Ce n’est pas une fin épique mais c’est une fin plutôt pas mal qu’elle a mérité après tout ça et qui nous rend heureux pour elle.
- Les costumes ne sont pas clinquants mais ils sont de bonne facture. Chaque tenue et design définit bien les personnages en eux-mêmes, notamment Héra en fonction de ses différentes étapes d’évolution.
- Les décors sont assez jolis. En plus de retrouver quelques lieux qu’on connaît bien, le long-métrage nous offre des décors d’assez bonne facture dans son ensemble, notamment quand l’hiver est présent.
- Les musiques sont toujours aussi excellentes. On retient surtout le thème du Rohan repris de la trilogie de Peter Jackson mais forcé de constater que les nouvelles musiques s’en sortent bien elles aussi.
Négatif
- Sachez-le, si le long-métrage n’a pas eu de réelle promotion ou de mise en avant des studios de production, c’est parce qu’il n’a été fait que pour conserver les droits d’adaptation sur la licence du Seigneur des Anneaux. En soi, on pourrait reprocher des choses mais faire un long-métrage juste pour garder les droits révèle la plupart des défauts et de la non importance d’un projet comme ça. Même en sachant que ça n’atteint pas le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, ils auraient pu s’investir un peu plus, non ? Ou alors, ils voyaient venir que la plupart allaient crier au wokisme...
- Alors, l’animation n’est pas écœurante mais elle est très critiquable artistiquement. Déjà, elle manque cruellement de fluidité, pas mal de séquences nous montrent une animation moyenne mais qui manque réellement de fluidité par rapport à d’autres sortis avant lui. Ensuite, on sent que le long-métrage a tenté plusieurs techniques d’animation vu que, des fois, on a des flashbacks du Seigneur des Anneaux de Ralph Bakshi où on a l’impression de voir des acteurs jouer en capture motion. Non mais vraiment, l’animation n’a pas du tout été entièrement gérée ici et ça se sent.
- Question mise en scène, ce n’est pas mal mais c’est peu marquant. On a peu de plans ou de scènes réellement marquantes mais une mise en scène plutôt simple qui ne semble pas vouloir oser grand-chose. Elle se réveille un peu au fur et à mesure que ça avance mais la mise en scène reste un peu classique.
- Le long-métrage est étrange dans le coté mélange 2D-3D. Sincèrement, certaines séquences nous dévoilent des décors 3D avec des personnages en 2D et il faut dire ce qui est, c’est moche. Le mélange ne passe pas et on a du mal à l’accepter dès la première séquence du long-métrage.
- Question émotion, il faut reconnaître que ça ne prend pas vraiment effet. Alors qu’ils essayent de nous faire ressentir de la peine pour certains personnages, c’est probablement parce que le coté émotionnel n’atteint pas le matériau d’origine (tout comme la dimension épique).
- Est-ce qu’on sent fortement l’inspiration du film Les Deux Tours ? Malheureusement oui. En fait, plus le long-métrage avance et plus on y voit un air de ce chapitre qui a été repris pour ce long-métrage. Ce n’est pas dramatique mais ça se sent.
- On a quelques petits trous scénaristiques qui, même en terme de film d’animation peut un peu gêner comme la récupération d’un certain corps par exemple (Partie SPOIL pour plus de détails).
- La tension est peu efficace. Il a beau se passer des choses graves à certains instants c’est tout de même difficile de ressentir de la réelle tension envers nos personnages ici.
- On pourrait aussi parler du nouveau page du Rohan qui, en toute honnêteté, n'est pas détestable mais n'avait aucun intérêt à être dans l'histoire...
!!! PARTIE SPOIL !!!
Rassurez-vous, il y a plusieurs morts dans ce long-métrage, la famille d’Héra y passe totalement. Entre les frères qui se font tués par Wulf a des moments différents et le père qui se sacrifie devant la porte du gouffre en retenant les soldats ennemis par la force de ses poings, ils ont tout de même tenter de faire un petit peu d’épique.
On pourrait reprocher quelques trous scénaristiques rapides comme la récupération de Elm malgré son corps glacé et le poids qui devait être énorme (sans parler de la porte glacée). Mais bon, en vrai ces trous passent car il y en a très peu et on arrive à se faire une idée par soi-même.
La fin s’est permise deux clins d’œil avec l’apparition de Saroumane le Blanc pour jurer fidélité au Rohan (on sait où ça va les mener) ainsi que la mention de Gandalf qu’Héra va tenter de rejoindre à la fin. En vrai, ces clins d’œil sont sympathiques.
L’intrigue du fantôme se voit un peu venir. Sérieusement, dès que le roi disparaît, il est facile de deviner le passage secret et que le fantôme qui tue les ennemis c’est lui.
Au final, il est vrai que Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirims n’est pas un chef d’œuvre qui arrive à égaler la trilogie de Peter Jackson mais il peut être pris comme un petit film sympathique de cet univers. En vrai, si on oublie ceux qui s’attendent à un long-métrage du niveau de la trilogie de Peter Jackson, on est loin du navet. On a des personnages intéressants, une dichotomie pas trop mal, des relations développées avec du symbolisme intéressant et des musiques très réussies. Après, il est vrai que la véritable raison de son existence est critiquable, que l’animation est très étrange, la mise en scène un peu trop classique (malgré quelques petites idées) et une inspiration trop ressentie des «Deux Tours. Donc, il est vrai qu’on peut ne pas l’apprécier pour des raisons compréhensibles mais, pour ma part, j’ai apprécié le visionnage. C’est juste que je ne le reverrai pas autant que la trilogie du Seigneur des Anneaux.