Troisième volet de la trilogie "Le Seigneur des Anneaux", "Le Retour du Roi" (tout comme le faisait déjà "Les Deux Tours") reprend les choses là où elles en sont restés; à savoir Frodon et Sam en direction du Mordor toujours accompagné de l'instable Gollum tandis que, de leur côté, Aragorn, Legolas, Gandalf et Gimli se remettent doucement de leur victoire au Gouffre de Helm dans l'attente du courroux revanchard de Sauron.
Tout comme l'opus précédent, "Le Retour du Roi" opte pour une structure narrative sous forme de montage alterné, cette fois-ci en 2 temps (Frodon, Sam et Gollum / Aragorn, Legolas, Gimli, Gandalf désormais rejoints par Merry et Pippin), structure que Jackson s'amuse d'ailleurs à désorganiser (dans le bon sens du terme) au fil du récit.
Comme tout dernier chapitre qui se respecte, ce troisième film avait pour lourde tâche de conclure définitivement tous les arcs narratifs, ce qu'il fait à merveille. En effet, tout en mettant d'avantage l'accent sur les effets spéciaux (qui vieillissent merveilleusement bien) et le grand spectacle, le réalisateur n'en oublie pas pour autant l'émotion et les dilemmes intérieurs de ses personnages qui ont également contribué au succès de cette magnifique saga; ce qui donne lieu à un crescendo émotionnel des plus intenses : aux larmes de Sam, se succède l'assaut désespéré d'Aragorn et ses troupes face aux armées de Sauron; au désespoir de Frodon, arrive la promesse d'espoir d'Aragorn à ses hommes; bref, la mise en scène de Jackson n'aura jamais été plus impressionnante que quand elle fait s'entremêler l'épique à l'émotif, l'espoir à l'ambiance de fin du monde, qui parcourt tout du long cet épilogue, lui conférant d'ailleurs une certaine beauté tragique.


Comme mentionné un peu plus haut, en terme de grand spectacle, "Le Retour du Roi" est sans doute le plus réussit de ce point de vue. La bataille des mines de la Moria dans "La Communauté de l'Anneau" et celle du Gouffre de Helm des "Deux Tours" atteignaient déjà des sommets mais celle, formidablement découpé et mise en scène, de la cité blanche de Minas Tirith dans ce troisième chapitre, les surpasse en tous points. Filmé telle une véritable guerre (avec plans larges et centraux sur les armées de Sauron, du Gondor et du Rohan), le tout accompagné de mini-montages mettant en action les personnages les plus connus (Aragorn, Gandalf, Legolas, Gimli, Merry, Pippin, mais aussi Eowyn, Théoden ou Eomer) et sublimée par la partition musicale mi-épique mi-tragique d'Howard Shore, rarement un tel morceau de bravoure aura atteint un aussi haut degré de maîtrise technique et de beauté, le clou du spectacle étant l'arrivée, tout en Digital mais parfaitement crédible, de l'Armée des Morts venu prêter main forte à nos héros.
Montage alterné oblige, Jackson entrecoupe intelligemment son film en nous faisant suivre Frodon pris entre les griffes d'Arachne, une araignée géante monstrueuse, séquence qui nous rappelle que ce réalisateur a fait ses 1ères armes dans le cinéma d'horreur et qu'il s'y connaît fortement en matière de frissons et d'angoisses.


Au-delà de l'intelligence et de l'efficacité de la narration et du montage, Jackson arrive encore à nous captiver de par la manière dont il clôture non pas son film, mais bien la trilogie dans son entièreté. Certains lui ont d'ailleurs reproché (à tord) de faire une fin "interminable". Si effectivement le film prend son temps une fois la quête de Frodon accomplie, c'est pour mieux refermer les arcs narratifs des nombreux protagonistes mais aussi pour achever ce voyage en beauté. Ainsi, le couronnement d'Aragorn, le retour des Hobbits dans la Comté, le mariage de Sam et Rosie (la femme qu'il a toujours aimé secrètement) sont autant de moments forts du roman de Tolkien que Jackson se devait de traiter subtilement. Si la fin du livre en tant que tel a été quelque peu modifié (une fois de retour à la Comté, les Hobbits doivent faire face à des bandits à la solde de Saroumane), ce n'est, au fond, pas bien grave dans la mesure où le réalisateur s'en tient avant tout à l'élément narratif central du roman : à savoir une quête aventureuse et semée d'embûches pour y détruire un Anneau maléfique.


Si l'on pourra toujours déplorer par ci par là quelques petites facilités scénaristiques (Sam qui parvient à cacher l'Anneau dans sa poche, Gollum qui chute dans une crevasse avant de revenir miraculeusement à la fin du film pour un ultime combat), "Le Retour du Roi" n'en reste pas moins une conclusion magistrale, le plus aboutit des trois films en terme d'émotion et de grand spectacle et peut-être jusqu'à présent le meilleur "troisième opus de trilogie" (avec, dans une moindre mesure, celui de la prélogie "Star Wars"), contribuant à faire de cette odyssée cinématographique l'une des meilleurs sagas et adaptations jamais réalisées.


Respect à vous, monsieur Jackson, et merci pour tout !

f_bruwier_hotmail_be
10

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Films

Créée

le 14 juin 2020

Critique lue 127 fois

Critique lue 127 fois

D'autres avis sur Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi

Le Seigneur des Anneaux - Le Retour du roi
Torpenn
6

La Comté pour du beurre

Que le temps passe vite… déjà onze heures depuis le début de cette remise en bouche en version longue, déjà onze heures que Bilbo a confié l’anneau de sa thurne à ce petit pénible de Frodo pour une...

le 14 mars 2013

97 j'aime

76

Du même critique

Frantz
f_bruwier_hotmail_be
8

A chacun sa guerre...

Cinéaste français prolifique de grand talent, François Ozon revient cette année avec un film atypique, comme il aime à en faire. Un mélodrame franco-allemand, tourné à la fois en langue française et...

le 15 sept. 2016

10 j'aime

Paterson
f_bruwier_hotmail_be
10

L'homme tranquille

Jim Jarmush. Un nom. Celui d'un cinéaste. Où, pour le dire tout simplement, d'un auteur de cinéma. Soit un réalisateur américain qui, en déjà 35 ans de carrière, aura réussi à conserver son...

le 18 déc. 2016

9 j'aime

2

Batman
f_bruwier_hotmail_be
8

Et Burton (re)créa Batman !

Presque 30 ans après sa sortie en salles, ce (désormais) classique du film de super-héros (voir du cinéma tout court) demeure encore et toujours du grand art. A l'époque vendue comme la production...

le 7 oct. 2016

8 j'aime