« S’il ne devait en rester qu’un » -Partie 2-

Décembre 2002. Depuis un an la planète terre est devenue silencieuse, la vie, son rythme se sont considérablement ralentis, chaque habitant est dans l'expectative, scrutant les cieux, guettant l'éclair divin qui viendra enflammer les cœurs, réchauffer les âmes, mettre un terme à l'insoutenable attente.

Le 18ème jour de ce mois d' hiver, le temps est venu enfin pour les premiers, les plus heureux d'être touchés par cette lumière, aveuglante mais merveilleuse, qui va de nouveau les conduire en terre du milieu. Enfin, l'aventure, fabuleuse, va pouvoir recommencer.

Il y a bien sûr un peu d'appréhension, une sourde inquiétude : et si ce deuxième voyage était moins merveilleux que ce qu'ils avaient imaginé, si le premier n'avait été qu' illusion ?

Car nous le savons bien, le temps pare souvent les jours passés des plus beaux atours, adoucit les peines, et les bienheureux du 18 l'ont compris bien avant les autres, une année entière ne peut suffire à panser les plaies, à éteindre totalement les douleurs nées de la perte d'un être cher, car c'est avec le souvenir de Gandalf, englouti par la Moria, vaincu par le balrog que débute de bien triste manière ce nouveau périple en terre du milieu.

La communauté de l'anneau désormais amputée de valeureux membres (Boromir avait également succombé terrassé par une lame orque) est en proie au doute, disloquée. Les uns (Sam et Frodon) aux prises avec un insidieux nouvel ennemi, Golum, créature hantée par l'anneau qui a été un temps en sa possession, les autres hobbits (Merry et Pippin) sont aux mains des orques puis des Ents (les arbres vivants). Legolas, Aragorn et Gimli s'avançant eux en compagnie du valeureux peuple du Rohan vers le gouffre de Helm, lieu futur d'une bataille épique contre l'imposante et impitoyable armée des forces du mal de l'Isengard menée par Saroumane.

La narration est éclatée mais éclatante, l'immersion immédiate, ce retour en terre du milieu est encore plus épique qu'attendu, les présentations sont faites désormais et nous pouvons enter pleinement au cœur de l'épopée aux côtés de personnages admirables, héros d'anciennes contrées qui transcendent leur destin, faisant face à des forces incommensurables qui dépassent leur simple condition.

Ce retour en terre du milieu n'est en rien décevant, les nouveaux venus, Eowin, Eomer, les courageux du Rohan, les oliphants les Ent, Golum (animé par utilisation magistrale et nouvelle de la performance capture) qui est une menace constante, apportent beaucoup à cet univers fantastique. Jackson use de tout son art "visuel" : vues en plongées, travellings aériens, de son art de la dramaturgie, visages d'enfants ou de vieillards du Rohan filmés en gros plans en plein cœur de la bataille du gouffre de Helm, explore les doutes de ses personnages, les liens forts qui les unissent, filme les magnifiques paysages de Nouvelle Zélande de manière vertigineuse, la caméra toujours en mouvement.

Tout concourt ici à apporter un souffle lyrique aux scènes d'affrontement, une noblesse aux personnages et c'est probablement cette alchimie entre l'humain, et le fabuleux qui rend cet épisode si sidérant et si touchant. Et puisque chaque acte, chaque nœud dramatique tend à la rendre inéluctable, le point culminant, évidemment, sera la bataille du gouffre de Helm, scène tragique et guerrière, quarante minutes de tension de bravoure qui inspireront les scènes de batailles au cinéma pour les décennies à venir.

Pour revenir à ma quête initiale, débutée avec "La communauté de l'anneau "visant à déterminer le meilleur du Seigneur des Anneaux, j'avoue que ces deux tours surpassent dans mon esprit le premier épisode, et d'ailleurs, j'avoue que longtemps ce fut mon favori , mon précieux à moi, avant que, peut-être (qui sait?) mon dernier visionnage en date ne viennent bouleverser l'ordre établi.

Mais pour l'heure, l'année 2002 s'achève, les esprits sont encore engourdis par cette épopée fabuleuse, les corps meurtris réclament aussi un peu de repos, avant l'impatience qui demain les réveillera, puis, viendra l'inévitable torpeur des jours suivants, l'attente interminable du dernier voyage, car "«La bataille du gouffre de Helm est terminée. Celle pour la Terre du milieu ne fait que commencer.»