Le septième sceau parle de la façon d’appréhender la Mort et de vivre dans un monde déchiré, ainsi le film s’ouvre sur une citation de l’Apocalypse selon Saint-Jean « Et quand l’agneau ouvrit le septième sceau, il y eut dans le ciel un silence d’environ une demi-heure, et les sept anges, qui avaient les sept trompettes, se préparèrent à en sonner. ». Ce passage à la valeur prophétique annonce la place de la religion dans le film et l’approche présumée du jugement dernier.
On peut dire que le film s’ouvre avec force, le personnage de Max von Sydow chevalier plein de doute revenant des croisades erre sur une plage désolée aux rochers singuliers à l’aspect tranchant, la mort fait alors son apparition accompagnée par une musique discrète mais puissante.
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Pour gagner du temps le chevalier propose une partie d’échecs contre la mort, partie qui s’étendra à travers plusieurs lieux, mais comment vaincre la mort ? La mort est fourbe, la mort trompe, et surtout la mort est partout dans cette Europe dévastée en proie à tous les malheurs.
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Les films de Bergman font partie du cercle des œuvres qu’on peut dire belle par nature et Le septième sceau ne fait pas exception, de nombreux plans sont des tableaux et le film délivre un noir et blanc qui joue sur les lumières avec beaucoup de nuances (nombreuses scènes en clair-obscur ravissant). La composition des cadres est excellente et Bergman capte les regards comme peu savent le faire. En parlant des regards j’aime beaucoup l’utilisation qui en est faite, dans de nombreuses scènes les personnages voient l’action avant le spectateur, ce procédé crée la tension devant un inconnu qu’on sent proche mais qu’on ne voit pas (ce qui en y réfléchissant fait facilement écho à la mort et devient alors d’autant plus pertinent)
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Un des points qui fait la force du film est son dualisme, le sublime (et le sacré) côtoie le grotesque, sur ce point-là l’œuvre est très théâtral, elle rappelle le théâtre de Shakespeare et les pièces de l’époque romantique en France.
Le film est parfois très sombre, l’action se déroule dans un moyen âge volontairement anachronique avec le chevalier Antonius Block revenant des croisades dans une Europe dévastée, en proie à la peste et où l’Eglise est de plus en plus agressive et pratique la chasse aux sorcières. L’ambiance dans les villes est apocalyptique et les conflits sont légion.
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A côté de ces scènes, d’autres moments plus tendres apparaissent ce sont les séquences où les personnages de la troupe qu’a composée le chevalier apparaissent. C’est notamment le couple de comédiens composé de Jof jeune jongleur joyeux parvenant à voir la vierge et les démons (signe de sa pureté), et de Mia (Bibi Andersson sublime) une femme douce qui aime son mari et son enfant, elle est l’espoir et le symbole qu’il faut profiter de la vie. Ce couple est l’occasion pour Bergman de déclarer son amour du monde des comédiens, un monde qu’il voit simple et jovial.
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La mort elle-même se trouve être touchante, elle accorde le délai demandé à Antonius et avoue finalement à ce dernier qu’elle-même ne sait pas ce qui se cache derrière la vie, révélant une faiblesse derrière son pouvoir supposé infini.
D’ailleurs un élément troublant de l’œuvre est la tendance qu’à la mort de prendre l’apparence d’homme d’église, chose qu’elle fera à deux reprises dans le film et qui crée dans un premier temps sa propre ambiguïté mais qui symbolise également l’ambivalence de l’Eglise.
Les conflits entre les deux partis sont fréquents, la scène la plus marquante étant l’arrivé de religieux extrémistes lors d’une représentation burlesque se moquant de la mort et du diable. Il est alors intéressant d’analyser la ressemblance entre ces sombres paroissiens et les peintures vues plus tôt dans le film.
Bien sûr le film est également connu pour ses nombreux questionnements métaphysiques, chaque personnage possède sa philosophie, l’écuyer d’Antonius ne croit qu’au néant, autrement dit il ne se pose aucune question puisque selon lui après la mort il n’y a rien, son maître est plus indécis, son âme est habitée par le doute.
On voit lors de la scène du confessoire qu’il aimerait croire en Dieu mais manque de garanties, il ne peut croire qu’en quelque chose de concret, car les autres croyances sont trop douloureuses
« Croire fait souffrir. C’est comme un amour dans les ténèbres qui ne répond jamais. »
Antonius est avide de connaissance, il veut savoir mais quand il s’agit d’explorer les mondes supérieurs il se heurte à un mur. Le dialogue qu’il a avec la mort au moment de la scène du bucher reflète cette difficulté
« - Tu ne cesses de questionner.
- Je ne cesserai jamais.
- Mais on ne te répond pas. »
Ce dialogue fait apparaitre une fatalité frappante dans l’existence humaine.
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Ingmar Bergman excelle dans la narration de ses histoires, il entretient le doute, dissémine des pistes et encourage son spectateur à réfléchir, les scènes comiques succèdent au moment plus obscur ce qui donne à ce film l’aspect d’une tragédie douce. Terreur et désolation trouvent leur place au sein de cette œuvre dont certains plans font réellement penser à un monde au bord de l’Apocalypse, mais Bergman désamorce la tension avec ironie, une ironie utile car elle transmet la philosophie de l’auteur, une philosophie tournée vers la vie.
Le film malgré sa noirceur, se clôt avec joie dans une danse macabre où la mort entraine les différents personnages du film derrière la colline, ces personnages ayant alors accepté leur destin, ils vont à la rencontre de ce qu’il y a au-delà de l’existence physique (s’il y a un après). Le dernier plan montre le couple de comédiens étant parvenus à se libérer de la mort (elle ne leur était sans doute pas destinée), s’en allant vers la mer, vers un nouvel horizon moins funeste.
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