L'histoire se déroule là où les routes sont faites de boue, là où on creuse encore des puits, là où le salaire de la contrebande fait vivre tout un village, mais là où ça n'est pas le Tiers Monde, puisque c'est l'Europe. Le Serment de Pamfir n'est pourtant pas exactement un drame social, et encore moins un film d'action. Pas tout à fait un thriller non plus. En revanche, les références à la mythologie grecque - à peine déguisées puisque le nemesis de Pamfir s'appelle M. Oreste - restent présentes en filigrane et nous rappellent que l'on n'échappe pas au poids de la fatalité.
Le Serment de Pamfir, c'est l'histoire d'un homme et de sa famille. Un golgoth qui peut coucher une demi-douzaine d'hommes d'un crochet, mais qui n'élève même pas la voix au sein de son foyer. Un humain qui est forcément un exemple, puisqu'il est un père, mais qui a vécu et qui sait pertinemment que le bien et le mal n'ont de sens que pour ceux qui n'ont jamais connu les dilemmes.
À l'image de son personnage principal, le film n'a pas besoin de sombrer dans l'ultraviolence pour faire preuve de puissance. Il aurait pourtant été facile de profiter de l'imagerie tribale relative au Carnaval, mais toute la finesse de l'œuvre réside dans sa mesure. Il en est de même du jeu des acteurs, juste, authentique, modeste.
À l'heure où le générique vient, on regrette de n'en avoir pas vu plus, tant l'histoire de ce village où les gens vivent de trafic mais sont à l'église tous les dimanches mériterait d'être encore développée. Comme dans toute tragédie grecque, on se demande alors si le fils Nazar se fera le bras vengeur de son père pour finalement s'offrir une victoire qui - aussi inespérée soit-elle face à des ennemis qui font la pluie et le ciel gris clair - aura toujours un arrière-goût de défaite.