Le serment de Pamfir est un film âpre et rude, comme l'est le lieu où il se déroule : une terre boueuse dans l'ouest de Ukraine aux confins de la frontière roumaine, une Ukraine qui n'est pas celle dont on nous parle depuis de la guerre avec la Russie, mais une Ukraine où quand on n'est pas paysan on travaille en usine et où souvent on est obligé de faire les deux pour survivre. Un pays pauvre, corrompu à la beauté parfois triste et douloureuse. Le serment de Pamfir est une tragédie qu'on pressent dès son ouverture et que, comme dans toute tragédie, on voudrait ajourner, mais en vain. À cet égard sa construction est rigoureuse car on y sent constamment l'inéluctable. Ce cinéma, très proche d'un certain cinéma russe (Leviathan, l'Idiot, le retour, Babusya...) s'en distingue en particulier par deux courtes scènes prémonitoires quant à la défiance à l'égard de la Russie, son influence et sa langue.
Il y a de très belles scènes dans le Serment, qui resteront des scènes d'anthologie cinématographique : la scène d'ouverture, une scène d'amour pour une fois faite sans complaisance ni recherche esthétique, une scène d'un carnaval très païen qui fait contrepied avec une scène précédente où se déchaine un chant religieux où l'âme slave rencontre le gospel.
Je ne suis pas certain qu'on sache encore faire ce type de films en Occident : simple, direct, digne, brutal parfois, sans esthétisme ni pathos superflu.