Le silencieux
Premier long-métrage en 1973 de Claude Pinoteau où il est seul aux manettes. Le scénario s'inspire d'un roman de Série Noire (Espionnage) de Francis Ryck "drôle de pistolet" écrit en 1969 que j'ai lu...
Par
le 24 janv. 2023
9 j'aime
6
Dans le cadre assez exigu (et pas franchement pourvu d'un intérêt suprême en ce qui me concerne) du polar à la française, "Le Silencieux" parvient à tisser sa toile paranoïaque avec un certain brio, force est de le reconnaître. Le film repose en grande partie sur les épaules de Lino Ventura, qu'on sait bien solides, et c'est grâce à lui, en grande partie aussi, que le film ne tombe pas dans l'anecdotique.
C'est un écheveau de réseaux de services secrets, entre les Français, les Russes et les Anglais, duquel Ventura tente de s'extraire avec toutes les peines du monde. il flotte sur le film une ambiance grave, presque inexorable, de l'ordre de celle dans "L’armée des ombres" : implacabilité des péripéties, fuite en avant dans la peur d'être retrouvé, etc. Si l'on ne retrouve ni le talent de Melville ni l'intérêt d'une thématique comme celle de la résistance, on garde ce côté inéluctable de la narration qui file tout droit vers une fin qu'on n'imagine à aucun moment heureuse.
L'écriture est froide et sèche, il y a très peu de surenchère ou d'éléments superflus : c'est presque du minimalisme, dans la lignée de ce qu'annonce le titre et dans la continuité d'un autre film de Melville, "Le Deuxième Souffle", partageant ce côté froid et sec d'une ambiance pesante. Le film manque sans doute de souffle (le premier, sans doute), on n'est vraiment pas dans le lyrisme fou (hormis peut-être dans les dernières séquences dans les montagnes suisses) mais il parvient à tirer son épingle du jeu. La référence à Hitchcock est évidente lors de la séquence-hommage à "L'Homme qui en savait trop", dans laquelle un chef d'orchestre dirige sa troupe dans un sentiment d'angoisse et de tension allant crescendo, alors qu'un montage parallèle dévoile un secret enfoui dans une partition. C'est dans la gestion de cette menace qui s'illustre de manière extrêmement diversifiée, dans l'illustration de la solitude absolue de son protagoniste manipulé par tous les bords, que "Le Silencieux" vaut vraiment le détour.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon cinéma français, Top films 1973, Réalisateurs / réalisatrices de choix, Avis bruts ébruités et Cinéphilie obsessionnelle — 2018
Créée
le 6 févr. 2018
Critique lue 1.6K fois
10 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Le Silencieux
Premier long-métrage en 1973 de Claude Pinoteau où il est seul aux manettes. Le scénario s'inspire d'un roman de Série Noire (Espionnage) de Francis Ryck "drôle de pistolet" écrit en 1969 que j'ai lu...
Par
le 24 janv. 2023
9 j'aime
6
Les services secrets britanniques enlèvent un membre de la délégation scientifique soviétique. Il s'agit en fait de Clément Tibère (Lino Ventura), enlevé par le KGB 16 ans plus tôt. Tibère va finir...
Par
le 8 mai 2023
8 j'aime
5
Un film proche dans ses thèmes du fameux "Fugitif", interprété par Harrisson Ford et réalisé 20 ans plus tard, en 93. Ou le parcours solitaire d'un homme poursuivi par une force inexorable et...
Par
le 15 août 2023
4 j'aime
Du même critique
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
Par
le 20 juil. 2014
144 j'aime
54
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
Par
le 10 janv. 2015
140 j'aime
21
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
Par
le 8 mars 2014
126 j'aime
11