Un bon film d’espionnage à la française, rondement mené, avec un Lino Ventura taiseux, campant un savant français travaillant pour une délégation soviétique que des espions britanniques enlèvent pour qu’il révèle des noms importants, puis bientôt solitaire traqué par le KGB. Sans cesse en déplacement pour ne pas se faire tuer, Ventura traverse des rues, s’échappe par des toits, fait de brèves escales dans des hôtels, monte dans un train puis un autre, débarque en montagne, jamais à l’abri, toujours suivi. Chaque claquement de porte, bruit de circulation crée l’angoisse d’un coup de feu. Chaque visage croisé semble plus suspect que le précédent. Le film est un peu chiant au départ mais trouve sa voie. Niveau réalisation Pinoteau s’en sort bien, varie les angles, les lieux, resserre ici avant d’aérer là. Ça manque parfois de rythme, d’homogénéité, d’étirement pour vraiment apprivoiser toute la tension qui accapare son personnage mais c’est un beau film, dans lequel Ventura brille autant qu’il brillera dans un film plus retors, plus fou, plus parano et donc encore meilleur, cinq ans plus tard : Un papillon sur l’épaule, de Jacques Deray.