Parfois j’aurais presque envie de résumer Hollywood à cela. J’ai pour ce film une tendresse particulière.
Cette histoire dans un patelin du sud des Etats Unis, dont les habitants s’apprêtent à voter afin d’élire leur juge. Alors le « vieux » en place ou un plus jeune, plus mordant ?


Donc ce film a des accents du Sud, et pas seulement au rythme de « Dixie » : quelques Blancs plus ou moins paternalistes et les bons Nègres à leur service… Il y a eut sécession mais les habitudes et les clichés ont la peau dure.


Mais tout ceci est habité par une bonhomie bienveillante sous la férule du juge Priest qui doit parfois relancer son cœur d’une rasade de Whiskey, campé par un Charles Winninger en adéquation avec son personnage.


Une société de bonnes mœurs que John Ford bouscule un peu à travers son film : la tenancière de Bordel qu’il écoute au tribunal puis reçoit chez lui. Quand celle-ci donne asile à une femme bannie, de retour, à qui un vieux général sudiste n’a jamais pardonné. La bannie s’éteindra et son enterrement donne lieu à la plus belle scène du film.
D’abord, seul derrière le corbillard lors de la procession -le fiacre des prostituées à distance- le juge Priest va se voir rejoindre peu à peu par tous ou presque, à commencer par son ennemi d’hier : un ancien commandant Yankee. Le tout au son du chant choral des Nègres.
Ah ce chant !


Je donne tous les ténors du monde, les Pavarotti, Alagna, Villazon, Raimondi et tutti quanti, pour le chant des Nègres. (« Hallelujah » de King Vidor). Ce chant est sans artifice puisqu’il connait la douleur; leur chant est une mémoire.
Ford a souvent bien employé les Nègres dans ses films, comme une conscience. Irlandais catho, républicain, ce bon vieux John, mais d’abord un humaniste.


EB


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le 29 nov. 2016

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