A Better Tomorrow

Une ville la nuit sous la pluie, un long plan séquence d'exposition où déjà la mélancolie et les fulgurances visuelles sont exposées avec classe. Alors, la musique de Tangerine Dream commence. On est déjà dans le cinéma du grand Michael Mann.

Premier long-métrage du futur réalisateur des incontournables que seront Heat et The Insider, après un passage par la télévision pour quelques courts-métrages, un épisode de la série télé Police Woman et un téléfilm sur un condamné à mort, Jericho Mile, The Thief s'inscrit déjà dans la droite lignée de ce que sera l’œuvre de ce cinéaste unique.

Alliant savoir-faire et beauté visuelle avec une économie de moyens et une science admirable dans la conception de ses plans, occupation des espaces et maestria stylisée, cet inventeur d'imagerie signe avec Le Solitaire un polar crépusculaire dans la plus pure tradition du genre imposée par ses illustres prédécesseurs, on pense à Don Siegel ou Richard Fleischer entre autres.

James Caan y campe admirablement un personnage en bout de course, un gangster à l'ancienne qui souhaite faire un dernier coup avant de se retirer. Traînant sa mine fatiguée mais déterminée, ce truand revenu de tout avance vers sa destinée tel un rônin du japon féodal.

Alliant un parfait dosage entre film de genre pur avec sa montée progressive vers l'inéluctable duel final, ses figures de style et sa mélancolie latente, et exposition visuelle à la beauté transcendant le sujet, Mann s'inscrit déjà dans la droite lignée des grands auteurs du polar. Ne se contentant jamais de faire du filmage, il prend toujours soin d'embellir son œuvre d'idées esthétiques et de fulgurances visuelles. Quand le moment de l'action arrive, il l'expose de façon méthodique comme une libération quasi cathartique faisant suite à une lente progression débouchant sur des gunfights hyper-violents à la Sam Peckinpah.

Ambiance urbaine nocturne, mélancolie des personnages, lente progression vers la violence et style visuel , tout le cinéma de Michael Mann est déjà là.