Dans la filmographie de Jean-Paul Belmondo, "le solitaire" a une certaine importance puisque c'est en quelque sorte son dernier film de la série des polars musclés.
C'était un film qui sortait à la télé très régulièrement et dans mon souvenir il était pire que "le marginal" que j'avais noté sévèrement à 5. En fait, je vais mettre un peu de nuance dans mon appréciation du "Solitaire".
Autant "le marginal" que "le solitaire", les deux scénarios sont complètement prévisibles. Ici, par exemple, dès lors qu'on comprend que son rêve d'aller vivre dans les îles vient de se terminer par la mort de son collègue (Michel Creton), on sait que désormais sa vie de flic sera dictée par la vengeance, par un compte personnel à régler avec le malfrat, Schneider.
Quatre ans séparent "le marginal" et "le solitaire". Est-ce que la forme physique de Belmondo n'est plus ce qu'elle était au moment du "Marginal" ? Toujours est-il que dans le film de 1987, il n'y a pratiquement plus de cascades. À peine saute-t-il du premier étage au sol et encore, on ne voit que l'arrivée au sol …
Ou est-ce une décision de Jacques Deray d'être un peu plus nuancé sur le personnage, de mieux équilibrer le rôle de l'acteur par rapport aux seconds rôles ?
Bien sûr, les aficionados du Bebel triomphant et roulant des mécaniques n'y trouveront pas leur compte. Et pourtant, il y a du mouvement entre les poursuites de voitures, les descentes de flics et les interrogatoires musclés… Le commissaire est une sorte de synthèse entre le Joss du "Professionnel", le Stan (déjà) de "Flic ou Voyou" et le commissaire du "Marginal".
Jacques Deray nous fait, ici, un commissaire plus psychologique, obligé de composer avec des collègues rivaux (Michel Beaune). Il l'affuble même d'un gamin tendance insupportable que Belmondo, bon comme du bon pain, supporte (entre deux soupirs). De ce point de vue-là, le résultat sur le personnage n'est pas si mauvais que ça.
C'est aussi plutôt une bonne idée d'avoir pris comme acteur pour interpréter le rôle du truand un gars avec une jolie gueule (blond aux yeux bleus, une bonne bouille et un prénom sympa, Charly) avec Jean-Pierre Malo. Comme il s'agit d'un tueur psychopathe, l'acteur doit composer avec son physique pour faire apparaître sa nature (profonde) à travers des rictus visibles et effrayants (meurtre du garde du fourgon). On peut saluer l'effort de non-manichéisme. On peut être beau et en même temps, le pire des salopards …
Mais tout ceci n'est que les zakouskis que je veux bien mettre en valeur sur ce film bien décrié par toute le monde.
Parce que, chassez le naturel, le voilà qui revient au galop. Notre flic est quand même très border line avec ses collègues (Pierre Vernier, par exemple) tandis qu'on aurait bien aimé approfondir la relation exécrable entre Belmondo et l'autre commissaire Michel Beaune. Je ne parle pas non plus des opinions plutôt misogynes qui ne me dérangent pas spécialement mais qui auraient du mal à tenir la rampe aujourd'hui (la coiffeuse, Yolande Gilot).
Au final, on assiste à un film policier très prévisible sans grand suspense où le jeu de Belmondo est un peu plus nuancé que d'habitude. Même si les seconds rôles restent encore trop en retrait. La musique tonitruante fait très "eighties".
Je vais laisser la note au niveau de celle que j'avais mise pour "le marginal" soit 5.