Je confesse avoir ressenti une certaine appréhension à voir un film sans paroles tourné dans des steppes kazakhes. Disons que le pitch faisait un peu trop production Arte diffusée à 3h du matin. Et puis, les notes élevées de mes éclaireurs m'ont convaincue de me laisser tenter : je les remercie vivement de m'avoir dirigée indirectement vers ce chef-d'oeuvre !


Dès les premières images, la magie hypnotique opère par la grâce de chaque plan qui est en soi une oeuvre photographique parfaite. Les couleurs (ce ciel rose indien), les lumières (ce soleil couchant filtrant à travers la chevelure défaite), les visages (la grâce de cette jeune Pocahontas) : tout, tout est absolument majestueux. On a beau avoir sous les yeux un petite masure misérable, tout respire la poésie dans le moindre détail. On a beau ne jamais entendre la moindre parole, les regards et les gestes suffisent à tout dire.


C'est une histoire toute simple - qui prend ensuite un virage qu'il ne faut sous aucun prétexte déflorer avant visionnage- faite d'amour et de tendresse, de poussière et de lumière, sise dans un paysage merveilleusement désolé où les occupations vont du collage d'un herbier au galop à cheval.


On retrouve un triangle amoureux traité de la plus jolie - et je dirais, instinctive - façon, où les protagonistes n'échangent jamais un mot mais en viennent pourtant aux mains pour conquérir leur belle. Humains soudain repris par une animalité viscérale que j'ai trouvé d'une puissance folle.


Le film est aussi une très belle leçon d'amour filial, la jeune fille lavant les pieds de son père, le bordant alors qu'il rentre ivre : toutes les images respirent la tendresse. Et ces paysages, ces prises de vues du ciel, ce carrefour, ces longues routes : tout est symbole, nul besoin de paroles.


Et puis, le film nous emmène sur une route étonnante, on ne s'attend pas à la violence qui arrive, à la tension, à la peur qui s'installe et s'instille par tous interstices.


La bande-originale, qui n'intervient qu'à certains moments cruciaux, achève de donner au Souffle une profondeur et un mysticisme comme j'ai rarement vus. Je me souviendrai longtemps de certaines scènes, des yeux en amande de la jeune fille, du sourire espiègle de son amoureux aux boucles blondes ... et puis ce moment où, moment dont j'avais pressenti l'arrivée avec cet arbre en feu, illusion d'optique et géniale trouvaille scénaristique... Mais je n'en dis pas plus.


Voyez-le, c'est une PURE MERVEILLE.

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le 20 févr. 2016

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