Le Sous-sol de la peur par Nicolas Montagne
Chef d'oeuvre méconnu et mésestimé de Wes Craven, Le Sous-sol de la Peur ne doit son titre français qu'à une traduction flemmarde misant sur l'exploitation cinématographique. Le titre original, The People under the Stairs, traduit bien mieux la réalité de ce film aux ambitions multiples. Très Romero dans l'âme, Craven signe encore un film politique dont il s'était peu à peu éloigné. Ici, effectivement il y a des gens sous l'escalier, dans le sous-sol, des gens anormaux. Mais l'horreur ne vient pas d'eux. S'ils ressemblent à des zombies, c'est parce qu'ils ont été enfermés là par la menace réelle du film: un couple de bourgeois riches et fous, des dégénérés qui n'entendent qu'exploitation et pouvoir.
Les gens sont l'escalier sont bien sûr une métaphore de tous les laissés pour compte de la société, ceux que les puissants tentent (ici littéralement) d'étouffer et de priver de lumière. D'ailleurs, le héros du film, un petit garçon noir surnommé "The Fool", est un représentant de ces gens puisque sa famille menace d'être expulsée par le couple infernal.
Au-delà de cette dimension "film d'auteur", Le Sous-sol de la Peur est un vrai film d'horreur avec une maison prisonnière mais effrayante. Prisonnière du couple et de ses faits, rendant prisonniers les pauvres gens enfermés,...Effrayante car menaçante puisque le couple l'a truffée de pièges, puisqu'on en visite chaque recoin, des murs au toit en passant par la cave et le grenier. Une maison emprunte d'un romantisme noir, un personnage à part entière.
La mise en scène est très efficace puisqu'elle mise sur les gros plans sur les détails, ces choses qui peuvent nous trahir dans une maison aussi grande et lugubre que celle-là. Les musiques sont de vraies musiques de soutien nous accrochant toujours à notre siège, le montage agressif est là pour renforcer cet effet,bref, tout est là pour scotcher le spectateur. Du grand art, du grand divertissement intelligent!