Cette note sera la première que je fais, à propos d’un film que j’ai détesté. Un exercice que je trouve d’autant plus ardue; car encore un passion positive est plus facile à mesurer, il y a seulement à dépouiller notre verbe des superlatifs qui alourdiraient la lecture. Puis, ce que l’on aime on a envie d’en parler, d’en sonder les détails, de comprendre pourquoi cela nous a tant toucher, d’en expliquer les raisons, puis d’en faire l’évangile à qui veut bien l’entendre. Contrairement, ce que l’on n’aime pas, on veut l’oublier, éluder la question d’un mouvement ou de phrase choc tel que le bien connu : « A fuir ! ».
Pourtant c’est bien ce que je me suis dit en sortant de la salle après le visionnage du successeur. J’ai voulu fuir. Me demandant pendant une heure pourquoi je restais. Si j’avais été seule, pour sûre, j’aurais quitté la salle.
Le film dès son introduction est apathique. Il ne dégage rien. On débute au « sacre » du protagoniste, comme prince de la mode. Sensé être un moment clef pour celui-ci… Avec une scène de défilé, il présente sa nouvelle collection. Il y a un peu d’effervescence, c’est crédible, même si cela manquait déjà un peu de mouvement, de vibrations.
Y est présenté la collection du personnage principal, unique. Belle façon d’introniser une personnage pourrait on se dire, le connaître et le comprendre à travers ses créations. Mais rien n’est dit, ses inspirations, ses motivations, ses combats rien. Et l’on n’en saura jamais plus sur ce Ellias, enfin Sebastien, il a changé de nom. Situation familial compliqué. Ok. Compris.
En se voulant subtile ce film tombe dans des stratagèmes vus et revus de cinéma. Et au fond ne dis rien. On ne s’attachera jamais au personnage, avec toute la bonne volonté du monde.
En plus le film est long au début, il n’a cesse de nous faire attendre. Cette attente est normalement une promesse, de la même façon que l’on prend le temps de gravir une montagne pour admirer la belle vue de son sommet.
C’est un promesse de récompense. Un investissement chronophage.
Mais une fois que le film « commence », qu’il rentre dans son sujet…
… On aurait préféré qu’il ne commence jamais.
C’est le début d’un cercle vicieux de frustration, qui ne fait que grandir.
Le sujet du film, un héritage d’un père renié. Pourquoi ? Encore une fois cela ne sera pas dit.
— Aparté. La scène de téléphone avec sa mère… on se dit « youpi, de la profondeur! Un nouvel axe de compréhension de notre héros ». Et bah non, zéro émotion, là mère s’en fout. Et comble, elle sort avec le frère de son ex mari, qui lui aussi n’en a rien à faire. Digne d’un scénario de télé novela. —
Mais dites nous ce qu’a fait ce père absent à la fin!!!!
Spoiler on ne saura jamais.
Bon, revenons-en au synopsis. On est embarqué avec Elias vers un voyage au Canada, car il est le seul à pouvoir assumer l’héritage. Voilà qui rompt avec son quotidien parisien, par ailleurs, à un moment clé de sa carrière. On ressent cet enjeu? Non, mais on est encore naïf, on y croit encore. Il doit donc rentrer dans l’inimitié de son père, en pénétrant sa maison qu’il va faire vider par une association. -de l’émotion? Toujours pas-. Mais une porte est fermée… -ouaw, suspens!- Il découvre le secret de son père, puis prend des décisions plus aléatoires les unes que les autres.
Spoiler il trouve une jeune fille enfermée derrière une trappe secrète. Seul moment de tension. Mais au lieu d’appeler les pompiers et sauver cette pauvre fille, lui, si empathique, décide de la droguer de somnifères et la déposer à l’hôpital.
Comme prévu, -parce que oui, on s’y attendait- cela ne se passe pas comme prévu.
Bref, après c’est de pire en pire.
Si seulement le réalisateur avait pris l’effort de nous l’expliquer, subtilement comme il sait le faire, cela aurait soulager les pauvres spectateurs.
Autre exemple de subtilité. A la fin. On change de décor, et sommes dans sa chambre d’hôtel de Montréal. On y rentre par la fenêtre de ce gratte-ciel, la caméra regarde longuement vers le bas
- Il va sauter? Oui-.
Mais on ne le verra pas, non, le réalisateur dans sa grande maitrise du langage cinématographique, avec sa caméra m, continue à s’enfoncer dans la chambre, jusqu’à atteindre Elias. Celui-ci déverrouille sa tablette pour regarder la photo du futur numéro de la revue de mode iconique, lui au centre, trois mannequins portant ses créations, et un titre : le successeur. -Quelle ironie.- Elias déverrouille une dernière fois sa tablette, la caméra s’en rapproche (on voit l’image mentionnée). Elias se lève hors champs. On entend la porte de la terrasse s’ouvrir. Puis la tablette se verrouille automatiquement, faisant disparaître la photo avec elle. Elias a sauté.
Et tout le monde dans la salle s’en fout.
*** fin spoiler
Bref un film de série Z qui se la joue thriller psychologique, qui parvient en t’en faire
regretté le feuilleton du dimanche midi.