C’est après avoir fait carrière dans le film de Kung-Fu (entre 1974 et 1985 au rythme de presque un film par an) que John Woo réalisera son premier polar d’action, troquant les coups de poings pour les armes à feu. Produit par le grand Tsui Hark (réalisateur d’il était une fois en chine, festin chinois, Zu les guerriers de la montagne magique…). L’histoire du syndicat du crime se concentre sur un mafieux qui, après un deal qui tourne au vinaigre, se fera arrêter par la police. A sa sortie de prison il essaiera de se ranger et de mener une existence tranquille mais son passé le rattrape, ainsi que son meilleur ami, blessé lors d’une mission et devenu boiteux, ainsi que son frère, policier, qui nourrira une haine envers lui. Le Syndicat Du Crime est un des plus grands cartons du cinéma Honk-Kongais, devenant le film le plus rentable a Honk-Kong, ayant été classé en deuxième position dans le top 100 des meilleurs films chinois. Il a même lancé le genre du « heroic bloodshed », genre cinématographique qui consiste a synthetiser l’action et le drame, tout en mettant en avant une réelle pudeur et un sens de l’honneur et de la fraternité, souvent, ces films mettent en avant le thème de la vengeance, de la rédemption ou du devoir, les héros sonts des chevaliers modernes dont on a échangé les épées et les boucliers pour des flingues et des chargeurs. Niveau réalisation on est sur du pur John Woo, qui met dès lors ses gimmicks de mise en scènes favoris : dédoublement de séquences ou abus de ralentis afin de décupler l’impact d’un moment violent, les munitions infinies, qui offrent des scènes d’actions continuent et sans interruption, l’iconisation des héros et évidemment la cruauté avec lesquels ils sont traités. À l ‘époque ou John Woo travaillait avec la Shaw Brothers, il fut l’assistant de Chang Cheh, réalisateur connu pour faire souffrir ses héros dans ses films, une influence qui planera au-dessus de la carrière de beaucoup de metteurs en scènes et notamment John Woo. Dans énormément de films d’action, on peut dire que ce sont les scènes de discussions ou de développement qui gravitent autour des scènes de combats. Ce n’est pas le cas pour les films de John Woo, ce dernier dira même qu’il est plus intéressé par le drame humain que par l’action, dans son cinéma, et surtout a partir de syndicat du crime, les héros sont torturés, très influencés par les héros des polars des années 60, à la fois très nobles et sensibles. Et quand je disais que chez Woo, le développement ne gravitait pas autour de l’action, c’est parce que c’est l’inverse ! Certains gunfights sont tout simplement des développements de personnages en eux-mêmes et servent au développement de l’intrigue, ce ne sont pas des pauses dans le récit ni des simples conflits « gentils/ méchants » ou « simples obstacles dans la route des héros ». Au niveau des acteurs, on retrouve Ti Lung dans le rôle principal, Leslie Cheung pour le frère de celui-ci, et SURTOUT Chow Yun-Fat, incroyable acteur Honk Kongais qui a beaucoup travaillé avec John Woo dans des films comme Hard Boiled ou The Killer (véritable chef-d’œuvre du réalisateur qui est un remake assumé du Samouraï de Melville), et qui offre une performance iconique ! Le film sera même récompensé de « meilleur film » et « meilleur acteur » ( Pour Chow Yun-Fat ) aux Honk Kong Film Awards de 1987 (ainsi que 9 autres nominations pour les autres acteurs, la musique, la réalisation, la DA, l’image, le scénario…)
Quoi qu’il en soit, Le Syndicat Du Crime est un pur bijou du cinéma d’action qui réinventera tout le cinéma Honk Kongais et dévoilera John Woo, qui deviendra un réalisateur INCONTOURNABLE au fil du temps et des pépites filmiques qu’il réalisera. A noter que ce film a eu deux suites sous la pression des studios, le 2 étant réalisé par John Woo et qui est une excellente suite ! Et le 3 est un préquel réalisé par Tsui Hark !