Ce film de Pascal Bonitzer a le mérite de nous faire découvrir le monde des marchands d’art à travers le personnage d’André Masson, commissaire-priseur qui dans une lettre, est averti qu’un tableau d’Egon Schiele aurait été retrouvé chez un jeune ouvrier, Martin Keller, vivant avec sa mère à Mulhouse. Une fois expertisé, Masson doit se rendre à l’évidence : il s’agit bien d’un authentique chef d’œuvre disparu depuis 1939 et spolié par les Nazis pendant la guerre. C’est le début d’une enquête riche et fascinante qui va bouleverser sa vie ainsi que celle de Martin bien sûr. Le casting est le point le plus réussi de ce film, avec un Alex Lutz qui nous montre l’étendue de son talent (il avait déjà commencé à la faire dans son film, « Guy »), sobre et efficace, accompagné par Léa Drucker dans le rôle de son ex-femme, toujours juste. Ce film traverse de nombreux thèmes, peut-être un trop en 1h30, c’est sans doute le seul reproche qu’on peut lui faire : la découverte d’un monde très peu représenté au cinéma, celui des experts et des commissaires-priseurs, le poids de l’histoire aussi, les inégalités sociales et de richesse entre Martin, sa mère (Laurence Côte, trop rare aujourd’hui au cinéma) et les élites auxquelles ils sont confrontés quand le tableau est vendu, le lien particulier qui naît entre Masson et sa stagiaire étrange, Aurore…Une réussite qui vaut vraiment le détour.