Who fear the fear of the Wolf ?

— Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma mère lui envoie.
— Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le loup.
— Oh ! oui, dit le petit Chaperon rouge, c'est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du village.
— Hé bien, dit le loup, je veux l'aller voir aussi ; je m'y en vais par ce chemin ici, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. »

Le Petit Chaperon rouge

Le Territoire des Loups, un bon exemple de film très sous-estimé alors qu'en réalité, il envoie du lourd !
J'ai personnelement toujours été un amoureux des decors enneigés, des grandes plaines recouvertes d'un mince manteau blanc, l'hiver abattant son bras implacable sur tout ce qu'il touche, plongeant le monde dans le froid et le silence de la mort.
Car oui, ce no man's land où nos protagonistes ont atterri a beau être beau, il est vaste, et par dessus tout, il est cruel; bien peu peuvent survivre au Grand Nord, car bien peu possedent la vraie peau du pays, bien peu possedent la peau du Loup.

J'aime aussi beaucoup les loups, je vous l'avais pas dis ? De magnifiques et feroces bêtes d'1m50 de long, dotés d'une terrifiante machoire de 42 dents de 5 à 7cm et pouvant atteindre une vitesse de 50km/h, predateurs et seigneurs de nos forets locales, reunis en meutes dirigées par un grand roi. Dans nos contrées, nous sommes des lions, chez eux, nous sommes des lapins. On peut faire tellement d'interpretations du Loup dans les histoire populaires : Manifestation de la colere de la Nature; incarnation de la bestialité de l'Homme, de son desir sexuel refoulés, Ombre du mal qui s'insere dans nos coeurs, Grande Faucheuse devoreuse d'âmes, etc... C'est vous dire si ce n'est pas un animal fascinant.

Et Joe Carnahan semble avoir bien compris ces 2 visions, à la grandiloquence mal placée, il prefere la sobrieté de somptueux panoramas enneigés; à la ferocité bestiale mais artificielle, il prefere la dissimulation, la menace qui s'insinue lentement mais surement autour de ses personnage.

Cela passe par 2 elements de mise en scene brillants : D'une part, il filme des decors de forets et de plaines arides de sorte à en faire ressortir l'hostilité (à l'homme, bien sur) et la grandeur inimaginable, de la neige à perte de vue sur des centaines de kilometres, enorme ! Et d'autre part, en faisant son maximum pour dissimuler les Loups du film à la vue des spectateurs. Bon, cela est sans doute dû en partie au fait qu'ils ont été créés numeriquement, car des loups dressés etaient trop dangereux pour les acteurs, mais d'un autre coté, c'est un effet qui marche très bien ! Dans Les Dents de la Mer, ce qui fiche la trouille, ce n'est pas simplement le fait que Bruce est un requin de 50m de long avec 40 rangées de dents, non non, ce qui fuche la trouille, c'est qu'on ne sait jamais vraiment quand est-ce qu'il va frapper, et même quand il attaque, on le montre à peine, pour suggerer la menace et travailler l'imagination, donnant une veritable aura et un vrai charisme à la bête. Et bien dans LtdL, c'est la même : Les Loups sont peu présents à l'écran, souvent resumés à leur simple hurlement digne des plus obscurs des spectres (sans dec', ce long cri fout les jetons, non ?), ce n'est vraiment qu'à la toute fin du film qu'on en voit un clairement à l'écran, magnifique, majestueux, le roi a accordé une audience à l'homme, et maintenant, c'est l'heure du duel !
Loin de vouloir se contenter d'un simple survival, Carnahan tend à montrer toute l'osmose et l'opposition entre l'Homme et le Loup, et ce, non pas en faisant des scenes de dialogues forcées sur les mechants hommes ou sur des loups presque humains, mais visceralement, en créant une confrontation directe entre les 2, l'Homme avec les outils de l'Homme face à la Bete sur le territoire de la Bete, c'est tellement simple et ça a l'air tellement evident, quand même.

Tout ce theme de l'opposition tourne enormement autour du personnage de Liam Neeson, qui dans ce film pue la classe et le charisme, et dont la personnalité oscille tout le temps entre son envie de vivre de plus en plus declinante et sa volonté de triompher de l'adversité; le gars n'a plus rien, il n'a plus de raison de vivre, mais malgré tout, il se bat, non pas pour prouver à qui que ce soit quelque chose, mais parce qu'au fond, il n'a plus vraiment que ça, se battre jusqu'à ce que la mort le delivre du fardeau de la vie.
Le climax est magnifique, il reste sur une fin ouverte qui laissera (encore une fois) libre cours à notre imagination, en nous laissant choisir le destin final de notre héros. C'est brillant !

Rien de plus à ajouter, allez voir ce film, il est génial, y'a des loups, de la neige, un avion qui se crashe et Liam Nesson en pull sous la neige, que demander de plus ?