La boss des maths
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le 23 août 2023
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Nul besoin d'être un grand connaisseur en mathématiques pour comprendre ce film. Et je suis très bien placé pour vous l'affirmer. En effet, pour moi, parcourir un tableau ou une page avec des formules mathématiques est l'équivalent de regarder un film hongrois sous-titré en coréen. Je n'ai jamais rien pigé dans ce domaine. Je suis une buse, une grosse buse. C'est à peine si je suis capable de résoudre une simple fraction. Pour ma médiocrité, c'est de l'ordre du paranormal et les êtres à l'aise dans cette discipline sont comme des extraterrestres. Les mathématiques, cette inconnue.
Oui, nul besoin d'être un grand connaisseur en mathématiques pour saisir que si on soustrait cette toile de fond, très peu abordée au cinéma, et si on soustrait un trio d'acteurs principaux talentueux et charismatiques (à savoir Ella Rumpf, Julien Frison et Jean-Pierre Darroussin !), c'est égal à une œuvre ultra-prévisible par ses ficelles narratives employées et réemployées des milliards de fois auparavant.
Le personnage principal est une thésarde qui ne vit, qui ne respire et qui ne pense que mathématiques (et qui ne finit jamais ses repas, comme tous les mathématiciens dans ce film... ouah, j'ai appris que les mathématiciens ne finissaient jamais leur repas, incroyable... euh, l'ellipse, ça existe aussi !). Il ne peut pas être autre chose qu'une nerd asociale, incapable d'avoir la moindre interaction sociale un minimum normale, au pire revêche, au mieux mal à l'aise avec autrui, car forcément un caractère de génie scientifique, quand il est le protagoniste, ne peut être autrement au cinéma. Et bien sûr, elle néglige son look (il est bien précisé, au début, qu'elle porte tout le temps des pantoufles !) et paraît sévère avec ses lunettes. Bien entendu, elle va avoir une évolution à gros traits, à la vitesse de la lumière, par la magie de la fainéantise scénaristique, sans la moindre once de subtilité et de crédibilité, parce que la réalisatrice Anna Novion a trop eu la flemme de demander des conseils à des psychologues.
Alors, notre matheuse de génie va chuter, puis remonter, puis, évidemment, chuter à nouveau, puis remonter pour finir, évidemment, sur un triomphe. Quelle surprise !
Elle connaît aussi une histoire d'amour. Elle et le futur objet de sa flamme sont dans des positions antagonistes (du fait de l'asociabilité de la première, c'est vrai !). Puis, ils vont apprendre à se connaître. Puis, ils vont tomber amoureux. Puis, elle finit par lui susurrer "je t'aime". Oh, c'est mignon. Prévisible, mais mignon... Attendez... ah oui, merde, putain, j'ai oublié d'intercaler, entre "ils vont tomber amoureux" et "elle finit par lui susurrer", qu'il y a un conflit totalement gratuit parce qu'il faut obligatoirement, ensuite, le poncif de la grande scène bien explicite, bien surlignée, au stabilo géant, pour bien signifier que l'amour est plus important que tout le reste, même les mathématiques, étant donné que vous êtes trop con pour le comprendre par vous-même. Ouais, ouais, c'est un peu comme la scène de conclusion débile, lors de laquelle un mec court dans un aéroport pour rattraper la meuf qu'il kiffe, avant qu'elle puisse embarquer dans un avion, qu'elle s'est décidée à prendre, trop triste, parce qu'il y a eu un malentendu à deux balles qui auraient pu se résoudre en dix secondes de discussion posée.
Et le personnage secondaire de la coloc danseuse ainsi que le mah-jong ? Ouais, ce sont juste deux aspects du scénario peu creusés, négligés, qui n'ont que pour fonctions de justifier, paresseusement, que notre combattante des théorèmes irrésolus n'a pas le besoin, absolument vital, d'exercer un job alimentaire pour survivre et qu'elle arrive à dénicher, en un quart de seconde, un logement à Paris, tout en ayant une source de revenu conséquente pour payer le loyer.
Ah oui, et le personnage, incarné par Jean-Pierre Darroussin, est juste là pour foutre la merde à chaque fois. Ouais, c'est tout.
Alors, j'avoue que je ne me suis pas ennuyé du tout parce que le trio d'acteurs, parce que les mathématiques (je n'aurais jamais pensé que j'aurais accolé dans une phrase, un jour, "pas ennuyé du tout" et "parce que les mathématiques" !), mais la cinéaste croit que ce sont des écrans de fumée suffisants pour dissimuler un résultat plat et conventionnel. À tort.
Dommage, car il y avait du potentiel pour un résultat bien supérieur. Allez, un, parce que je ne me suis pas ennuyé, plus un, parce que le trio d'acteurs principaux, plus un, parce que les mathématiques. Ce qui donne une somme de trois. Plus zéro pour tout le reste, ce qui donne toujours une somme de trois.
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le 7 nov. 2023
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