Ce film et sa suite, "le tombeau hindou" sont un des grands souvenirs (cinématographiques) de ma prime adolescence. Je n'avais pas aimé, j'avais adoré. Je n'avais pas marché, j'avais couru …
À cette époque-là, je ne me préoccupais pas de qui avait fait quoi au cinéma. Ce n'est que lorsque je me suis intéressé sérieusement à cet art vers l'âge de vingt ans, que je découvrais les grands réalisateurs, leurs œuvres, que je répertoriais avec soin, etc, que j'ai découvert que c'était Fritz Lang, que j'aimais bien, qui les avait réalisés. J'avais été drôlement épaté et presqu'attendri …
J'ai - évidemment ! - les DVD qui contiennent en plus les films de Richard Eichberg datant eux de 1938 dont je ferai la critique dans la foulée après revisionnage.
Revenons à Fritz Lang qui réalise en 1959 en allemand ces deux films sur un scénario tiré d'un roman de Thea von Arbou qui fut une de ses épouses et collaboratrices jusqu'à ce qu'ils se séparent vers les années trente. En effet, Thea von Arbou avait des penchants vers l'idéologie nazie que réprouvait Fritz Lang. Cette dernière est décédée en 1954. C'est drôle et émouvant de voir Fritz Lang finir sa carrière en reprenant ces scénarios en 1959. Le poids de la nostalgie, quand même …
Le film se passe dans une Inde complètement fantasmée où il ne faut surtout pas aller voir la moindre réalité.
Déjà, le tournage a eu lieu dans l'Inde du Nord-Ouest à Udaipur et non dans une ville Eschnapur qui n'existe pas au Bengale. Il y a des choses impossibles dont en premier, la danseuse Seetha. Elle n'aurait jamais pu être une danseuse sacrée n'ayant pas ses quatre quartiers d'origine hindoue et de bonne caste puisque son père était irlandais … Et, je n'y connais rien mais je suis bien certain que les danses rituelles sur fond de musique classique … Bon d'accord. Mais il faut voir que tout ceci est une Inde de rêve presqu'au sens des gens du XVIème siècle qui recherchaient ce pays des légendes où l'or et les pierres précieuses coulaient à flot, où tout le monde était vêtu de soies magnifiques, une Inde régie par des dieux et des déesses tour à tour bienveillants et malveillants, une Inde qui n'en finit pas de fasciner, une Inde de mille contes et légendes …
L'adolescent que j'étais avait parfaitement gobé l'histoire sans se poser de questions. L'adulte que j'ai fini par devenir voit désormais les choses avec un petit sourire en coin mais toujours prêt à plonger, avec délices, dans les aventures de cet architecte venu construire des hôpitaux et qui va tomber éperdument amoureux de cette danseuse que convoite aussi le richissime Maharadjah éclairé, Chandra, son patron.
Ah mais parlons aussi du casting.
Finalement la seule vraie star c'est Debra Paget, qu'on a déjà apprécié dans divers grands films. Elle est au centre du film et en est le personnage principal.
L'architecte Henri Mercier est interprété par un certain Paul Hubschmid, inconnu pour moi. Rien à dire sur son jeu mais ce qui est important et redoutable, c'est qu'il donne ainsi l'impression que n'importe qui peut vivre une telle aventure. Le personnage n'est, finalement, qu'un valet du Maharadjah, un travailleur immigré, de surcroit ! mais en plus, ce n'est, d'un pur point de vue cinématographique, même pas une star qui va conquérir la belle et immense Debra Paget.
La mise en scène de Fritz Lang est magnifique surtout qu'elle s'appuie sur de magnifiques paysages et décors comme le lac et les palais. Le rêve impossible …
Je reviendrai sur certaines scènes dans "le tombeau hindou" du même Fritz Lang.
Heureusement, qu'avec la magie du DVD, on ne soit pas obligé d'attendre, plus que le temps du passage d'un disque à l'autre, la suite des aventures …