Sauce Deschanel
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Ah, la politique... Nul doute que notre frileux cinéma français s'y frotte rarement, raison de plus pour découvrir ce « Tigre et le Président » sur une période méconnue de notre Histoire : la Présidence de Paul Deschanel et sa relation avec Georges Clémenceau. Ce que le film restitue bien, c'est à quel point la trace que vous laissez se joue parfois à rien, des détails, un talent de communicant, un bon entourage, un contexte favorable ou pas... Alors qu'il est et restera pour les français (le connaissant!) le Président qui est tombé du train, on se rend compte à quel point le bonhomme avait en réalité quarante, voire soixante ans d'avance sur certains sujets.
Un humaniste sincère, intelligent, sensible, qui devrait être aujourd'hui un nom connu et respecté de tous dans l'Hexagone. Au lieu de ça, visiblement à cause d'une maladresse légendaire, il est totalement éclipsé par Clémenceau, grand homme d'État, indéniablement, mais autrement plus conservateur et calculateur.
Ces jeux de pouvoir sont plaisants à suivre, évitant de tomber dans la grosse comédie comme la bande-annonce le laissait craindre, se contentant d'une fantaisie légère, loin d'être déplaisante. J'ai ainsi apprécié d'être plongé dans cette période souvent mal connu, où l'on croise donc quelques figures importantes, l'occasion d'une poignée d'échanges verbaux plutôt sympas, sans être aussi savoureux qu'espérés.
Après, il y a tellement de mystère autour de cette fameuse disparition du Président que la crédibilité du récit s'en ressent parfois, non sans quelques moments sympas, à l'image de cet équilibre compliqué entre rigueur historique et « fantasme ». De plus, nous sommes en France, où l'engagement est presque devenu un gros mot, ou au moins une audace peu acceptable : il faudra donc réaliser un résultat « neutre », pouvant satisfaire aussi bien le bon peuple de gauche que de droite (allez, on va quand même dire un peu plus celui de gauche!).
Enfin, hormis quelques petites idées sympas, notamment quant à l'utilisation des médias de l'époque, nous restons souvent dans le téléfilm de luxe, soigné, très correctement reconstitué, sans pour autant enthousiasmer, l'absence de seconds rôles marquants étant également regrettable.
Reste que cette histoire méconnue, même un peu maladroitement abordée, méritait vraiment d'être connue, réhabilitant totalement (trop?) Paul Deschanel et relativisant (un peu) la statue du Commandeur Clémenceau où, dans leur affrontement « à distance », le toujours excellent Jacques Gamblin m'a nettement plus séduit que le presque toujours excellent André Dussollier. « Juste » agréable et instructif, donc, mais après tout, c'est déjà ça de pris.
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le 9 oct. 2022
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