Le Tombeau des lucioles par Kroakkroqgar
Raconter la guerre à travers le dessin animé n’est probablement pas une chose aisée, tant il peut être difficile de retranscrire la laideur des débris, des explosions et des cadavres. Comme ‘Vals Im Bashir’, ‘Le Tombeau des Lucioles’ propose pour cela une vision éloignée des affrontements, en s’intéressant à la survie et au destin funeste de deux orphelins de la guerre. Ainsi, tout en évitant la surenchère des plans de destruction, le récit parvient à illustrer les affres de la guerre de la plus émouvante des manières. Si le procédé est évident, les effets sont implacables, et l’injustice dont sont victimes Seita et Setsuko touche droit au cœur.
Pour cela, le récit fait preuve d’une intelligence triste dans son déroulement. En annonçant en introduction le drame qui attend les deux enfants, le film installe une atmosphère de nostalgie douloureuse qui entache les moments de complicité de Seita et Setsuko. De même, les paysages ravissants se teintent d’un sentiment de fausse sécurité dès lors que l’œuvre nous rappelle la mort imminente des personnages avec ses fantômes.
Mais si le récit est aussi poignant, c’est avant tout grâce à un traitement très réussi de ses personnages. L’adorable petite Setsuko, le courageux Seita : on admire ce couple de survivant, on les prend en pitié lorsqu’ils sont victimes de malchance, on pardonne leurs erreurs, on envie leur complicité, et on finit dégoûté par la guerre, comme Seita qui apprend la capitulation du Japon. Tout aura été vain, mais l’œuvre nous laisse hantés par le souvenir de ces enfants.
Un film d’animation poignant.