Quel drôle de pitch que ce "Tout Nouveau Testament" ! Jaco van Dormael, réalisateur belge connu pour certains avec "Mr. Nobody" (2009), parle de Dieu, et plus précisément de sa fille Ea, qui veut sortir le monde des humains de la tyrannie de son odieux de Père. Au lieu de prendre part aux mésaventures de ce Dieu mesquin et grossier, comme le laisse penser la bande-annonce, le spectateur suit plutôt le périple de sa petite fille méconnue, décidée à chambouler un peu ce peuple écroulé sous le poids des emmerdes quotidiennes. Marqué par ce regard d'enfant sur la cruauté de la vie humaine, le film de Jaco van Dormael est moins une critique cynique de l'ironie de la fatalité qu'une fable humaniste teintée de poésie surréaliste sur notre place dans ce monde en tant que simple mortel.
Construit comme une vraie fresque par morcellements de vies, "Le Tout Nouveau Testament" étonne par sa liberté de ton et touche par sa sensibilité picturale et philosophique. Son atout majeur est d'aborder les travers de la société contemporaine avec une touche de légèreté emprunt à l'absurde et au surréalisme. C'est dans cette ambiance mélancolique mais humoristique que se révèlent des idées cocasses et avant tout d'une finesse poétique, tel l'assassin qui devient malgré lui la main du Destin ou le clochard anonyme auteur du Tout Nouveau Testament. Le film emprunte des éléments de conte - le père autoritaire, la jeune héroïne en quête de la connaissance d'une vie qui lui est inconnue, le tunnel créant un chemin entre deux dimensions -, des éléments esthétiques absurdes, voire dadaïstes - le parcours onirique d'un fonctionnaire vidé d'une vie morne en compagnie d'un oiseau est digne de l'imagerie surréaliste de Magritte ou de Vladimir Kush - mais aussi des éléments de comique grinçant - un jeu cynique avec l'envoi des dates de décès par SMS - pour mettre en image tout un pamphlet malin questionnant notre propre existence. Le déterminisme et la foi religieuse sont subtilement tournés en dérision pour apporter un nouvel Évangile, un message invitant tout le monde à ne plus se sentir victimes mais au contraire maître de leur propre destinée. C'est en la voix pure de la jeune Pili Groyne que se trouve la morale humaniste du long-métrage, fille de Dieu se rebellant contre l'autorité de son monstrueux Père, incarné délicieusement par Benoît Poelvoorde, dans le but d'apporter un peu de panache dans la vie de ces pantins épuisés.
Avec une esthétique ambitieuse et au casting convaincant, "Le Tout Nouveau Testament" dresse un bilan songeur sur notre vie moderne, le tout avec une pincée d'humour bien troussé et surtout une empreinte poétique et touchante d'un auteur audacieux. Venez le découvrir, vous ne regretterez pas ce conte cinématographique hors du commun !