La vie c'est comme une patinoire : parfois on tombe...

Le tout nouveau testament est un très bon film, et dieu sait que je n'étais pas des plus rassurés avant d'aller le voir au cinéma. Au début, je vois une affiche dans les rues de Paris. Bon... Cela ressemble à une comédie un peu moisie comme il en existe des dizaines. Puis, seconde affiche avec Catherine Deneuve et... Un gorille, rien que ça. l'image est interessante, le message, lui, bizarre. Viens ensuite la bande-annonce. Elle est très drôle et je me dis alors qu'il faut que j'aille le voir. "Mais qui a fait ce film ?", me suis-je dit. Jaco Van Dormael ! sérieusement ? Instantanément mon intérêt pour ce film ainsi que mes attentes ont augmentés d'un coup, Mr Nobody étant l'un de mes films préférés. Je me rends donc à la séance de 16h45 avec une petite peur au fond du ventre. Nous nous installons avec mes compères spectateurs, laissant la projection débuter. Le tout début est exactement comme tout le monde pouvait l'attendre, à savoir drôle et plein de bonnes idées, quoique assez banales au final. Mais vient alors, tandis que le personnage de Dieu nous est présenté comme un authentique connard, une scène qui changea tout. Dieu est attablé avec sa femme et sa fille et cette dernière à le culot de prononcer un mot au dessus des autres. Le père s'énerve et la pourchasse dans l'appartement. Mais les choses ne s'arrêtent pas là, Dieu défait sa ceinture et frappe comme un sourd. "Tu vois ce que tu me fais faire ?", lui lance-t-il. A ce moment du film, j'ai eu un frisson. Non, je n'allais pas voir une comédie, pas du tout. Et la suite du film ne fit que confirmer ma pensée. Le tout nouveau testament, au delà de faire parfois rire, n'est ni une tragédie, ni une comédie, c'est bien plus que cela. Le film nous parle de la vie, de ce qu'elle est fondamentalement. La vie... et bien souvent c'est moche, parfois moins, on s'emmerde, on pleure, on ris, on fait de belles rencontres, on rencontre la bonne, on a envie de se tuer, de tuer, de détruire et se détruire. La vie c'est tout ça et l'imaginaire collectif que nous a construit Hollywood n'a fait que nous égarer ce qu'est la réalité. Le film parvient à un niveau de pertinence plus qu'appréciable. Certains reprocheront à Van Dormael de construire des plans inutiles pour appuyer ses métaphores, je trouve ça très utile au contraire. Du film se dégage une expérience qui n'est pas que visuelle mais sensorielle et même si, d'une certaine façon, voir trente hommes écraser des noix n'a aucun sens, le ressentir de tous ses sens nous permet de ne pas nous égarer dans les métaphores. Le film est juste avec son spectateur tout comme il peut être cruel. Le film est comme le Dieu que l'on peut tous s'imaginer, il n'est ni bon ni mauvais, il est réalité. On passe alors du tragique au comique en une paire de manche sans prendre de pincettes parce que la vie c'est aussi ça. Et si la recherche de nouveaux apôtres par la fille de Dieu (une vraie graine d'artiste soit dit en passant) peut paraitre linéaire ou dispensable, il n'en est rien. On nous fait bien comprendre que les six apôtres ont été choisis au hasard. Chacun à son histoire, ses démons, ses ambitions et amours ratés. Tout le monde a souffert, le message n'est pas de se délecter de la souffrance d'autrui mais d'en retirer des leçons. Et, je trouve que les six leçons sont plus que généreuses dans leurs messages. Jaco Van Dormael a cette authenticité que l'on retrouve que très rarement dans un cinéma. Ce film n'est certes pas parfait mais l'originalité doit être récompensée. On a droit à une ambiance plus que plurielle, car nous sommes à la fois tous différents et tous pareils au fond. Et comment réagir face à sa date de mort ? Le film nous montre comment nous voyons la mort, tous à notre façon. Les uns y verront une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, d'autres une chance d'enfin vivre. La mort et la vie sont intrinsèquement liées, l'existence est ainsi faite.
Dans l'ensemble une très bonne expérience qui potentiellement peut décevoir. Ce n'est pas mon cas et je le recommande pour cette même raison.

Fosca
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le 13 sept. 2015

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