« Carpe Diem », « Carpe Diem », Vite, profite de l’instant nom de Dieu, on n’a qu’une vie après tout...
Ce film m’horrifie par sa morale à deux francs sous-jacente. Cette philosophie postmoderne qui souhaite débrider à toute force les comportements, celle qui confond liberté et licence, me fait vomir.
On nous bourre le crâne avec un ensemble de topoï (l'homme oppresseur, la femme victime et adorable, des enfants innocents et plein de bon sens parfaitement représentatifs de nos enfants-roi d’aujourd’hui…). La narrativité du film m’a profondément endormi, les petites « vies de merde » insipides racontées, avec cette petite musique larmoyante, sont sans intérêt, autant de parcours individuels narcissiques dont on en a rien à foutre.
Rien n’est justifié dans ce film, rien n’est subtil. On ne sait même pas pourquoi Dieu est méchant (Ah si, il est de sexe masculin). On balance de grandes phrases d'une vacuité consternante. On rejette le monde d’aujourd’hui, on se révolte mais on se pavane dans un anti-conformisme tout ce qu’il y a de plus conformiste. Soyez tous gentils, aimez-vous les uns les autres (bouh la nature humaine, bouh la religion, bouh les déterminismes, bouh les règles et les lois, c’est pas bien). C'est à partir de ce constat instructif que l'on nous colle une propagande hédoniste qui va complètement à l’encontre de son objectif de base. Pour régler l’injustice et l’égoïsme de la société d’aujourd’hui on va supprimer les règles pour se mettre à faire ce que l’on veut sans jamais se justifier. Je suis un homme, du jour au lendemain j’ai envie de m’habiller en petite fille juste parce que ça me chante. Pourquoi ? Je sais pas, comme ça (toute façon le monde est injuste et absurde alors je me révolte). Au début, le film s’en prend à l’irresponsabilité des adultes qui rejaillit sur le « pauvre » petit enfant (qui au passage a une vie bien rangée avec un toit et de quoi manger mais on s’en fout on dit qu’il est malheureux quand même, sans doute au même titre que l'étaient les enfants mineurs du XIXème siècle), puis on nous montre justement des adultes qui décident de vivre leur vie selon leurs caprices de l’instant. Une femme va épouser un gorille tient c’est gratuit mais c’est sympa, l’homme va se mettre à porter le bébé et j’en passe. Et on justifie tout au nom de l’amour (une notion légitime et parfaitement définie cela va de soi) et des arcs en ciel sans jamais montrer la complexité du monde et surtout celle de la morale. Ce n’est pas parce que l’on sait que l’on va mourir que l’on peut s'affranchir des contraintes de la vie. Au contraire ce sont les contraintes (naturelles et sociales) qui nous apprennent à faire des choix et à les assumer. La contrainte est là pour créer une frustration qui multiplie la saveur de la liberté quand on y goutte.
Je peux souligner les mérites d'un film qui défend une morale que je ne partage pas mais pour cela, il faut des arguments et des justifications à proposer. Ici on se contente d’un univers surréaliste pour sublimer l’hédonisme forcené, la licence et l’altérité.