Avec cette comédie (adaptée d'un livre de Solange Fasquelle, inspiré par un fait divers des années 1930 : l'affaire Sarrejani) provoquante et subversive, toute en étant jouissive dans son amoralité, Francis Girod - qui réalisait, alors son premier film - réussit, pour moi, le pari d'une œuvre sans concession et noire, brocardant avec plaisir une certaine bourgeoisie des années 1970, derrière sa belle reconstitution des dites années folles.
Et, une fois commencerait peut être de coutume, les acteurs font un "trio infernal", qui mérite réellement son nom :
-Mascha Gonska, dans le rôle de la plus jeune des sœurs, un peu naïve et manipulée par les cerveaux machiavéliques que campent Romy et Piccoli, fait leur parfait contre-point.
Mais surtout, Le Trio brille dans sa noirceur et son aspect glauque pour les deux interprètes principaux , qui mènent la danse d'une main diabolique et sont parfaitement à l'aise dans leur personnage :
-Michel Piccoli excelle dans le rôle inquiétant et charismatique d'un avocat-conseil, un peu particulier, Maître Sarret.
-Romy Schneider, une fois de plus, me donne envie de m'incliner devant l'immense comédienne qu'elle est, surtout qu'elle trouve avec ce rôle ce qui est mon "contre-emploi" favori. Elle se complaît dans ce rôle sombrement politiquement incorrect en se montrant à la fois et tour à tour crapuleuse, sulfureuse voire même sulfurique (comme l'acide utilisé par le trio pour faire disparaître les cadavres de leurs victimes), implacable, machiavélique, trouble, amorale, féline, "mégère apprivoisée", parfaitement infâme, imperturbable, délurée, dénudée tout sentiment humain, glacialement inquiétante ou au contraire, émouvante, attachante et affectée. Mais, en tout les cas, impériale et toujours aussi magnétique. Et le tout avec son panache naturel !
Restent les musiques du génie italien Ennio Morricone, qui parfois forment un contraste de style étrange avec le reste de ce film ou servent magnifiquement son atmosphère, en particulier, le morceau qui tire son titre de celui du film !