Le troisième homme de Carol Reed est un film noir qui réunit tous les ingrédients pour en faire une référence du genre, un casting prestigieux, une ambiance très soignée (musique et photographie du film) et une intrigue mystérieuse ... ou tout du moins mystérieuse pour ceux qui auront échappé à la vue de l'affiche du film.


Holly Martins (Joseph Cotten) est un écrivain américain de romans de gare complètement fauché. Ils se voit alors invité par son vieil ami Harry Lime qui réside à Viennes, avec la promesse de le sortir de ses ennuis financiers. Mais voilà qu'à peine arrivé en ville, il apprend que ce dernier a été tué le matin même, renversé par une voiture. Est-ce un simple accident ou une machination ? Les deux éléments cruciaux qui vont alors motiver son enquête, seront l’existence d’un "troisième homme" sur la scène de l'accident et la rencontre avec Anna (Alida Valli) la fiancée d'Harry dont il tombe immédiatement amoureux.


Difficile de passer à côté de la révélation du film, sachant que la silhouette d'Orson Welles apparait en gros sur l'affiche et que son nom y apparait en troisième position. L'identité du troisième Homme n'est donc une surprise pour personne. Orson Welles est donc ce troisième homme, qui débarque après plus d'une heure de film pour interpréter l'un des méchants les plus mythique de toute l'histoire du cinéma. Il éclipserait presque les pourtant excellents Joseph Cotten et Alida Valli, c'est dire à quel point sa prestation est magistrale. Sa première apparition avec son sourire espiègle est d'ailleurs le moment le plus jouissif du film. Mais ça ne doit pas nous faire oublier pour autant, l'importance des deux acteurs têtes d'affiches Joseph Cotten et Alida Valli, tous les deux parfaits dans les rôles respectifs du détective pas très doué (un piètre détective, mais un détective sacrément charmeur) et de la femme fatale (belle, mais difficile à charmer). Par ailleurs, tous les seconds rôles interprétés par des acteurs britanniques ou autrichiens sont eux aussi excellents, une collection de salles gueules aussi improbables que réjouissants.


Le noir et blanc du film est splendide et la mise en scène est très soignée, directement influencée par l'expressionnisme allemand. On se souviendra longtemps des jeux d'ombres et des plans désaxés qui rajoutent de l'étrangeté à une intrigue déjà fort étrange. Et on se souviendra encore plus de toutes ces scènes exploitant parfaitement les magnifique décors de Viennes, à commencer par le grand escalier central, la grande roue et les égouts labyrinthiques. Le film se tourne uniquement en décors réels (aucune reconstitution en studios), ce qui n'est pas commun dans les années 40 et ce qui rend donc Le Troisième Homme plus réaliste et moins théâtral que bon nombre de films de cette époque.


Pour finir, il faut évoquer la musique composée par un parfait inconnu jusqu'alors, l'autrichien Anton Karas. Son petit air de cithare, tour à tour mystérieux, angoissant, léger et aérien en est devenu presque plus célèbre que le film lui-même, tellement il semble "inadapté" pour le cinéma. D'ailleurs on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'aurait donné une BO orchestrales plus classique en lieu et place de cette musique cithare décalée ? Mais c'est peut-être ce côté décalé de la musique, couplée à la mise en scène désaxée, qui renforce le côté retors du scénario.


Le troisième homme est un vrai film noir, très sombre et pessimiste. C'est aussi un vrai film européen, réalisé par un anglais avec un casting cosmopolite. C'est de ce fait un film noir très différent de la Dame de Shangaï d'Orson Welles, plus théâtral et dans le grandiloquent. Le Troisième Homme est au contraire un film noir plus réaliste et qui mise plus sur l'ambiance que sur la performance d'acteurs ... bien qu'on ne dira jamais assez, à quel point Orson Welles est (aussi) un acteur de génie.

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le 5 nov. 2021

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lessthantod

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