Lors d’un séjour dans la Vienne d’après-guerre, un écrivain américain enquête sur la mort de son ami.
Le film noir typique, considéré comme un classique, il exerce, encore aujourd’hui, une fascination sur le public grâce à son ambiance particulière, et sa mélodie qui est l’un des marqueurs du film.
Cette musique légère prend le contre-pied du drame, comme pour adresser un message ironique au héros qui ne veut pas se laisser manipuler par la police et les habitants de Vienne. Chacun l’invitant à quitter la ville au plus tôt.
Le scénario et les prises de vue nous plongent dans une ambiance de cauchemar mêlant noirceur et fantastique. La ville est désertée des passants, elle est sombre et froide, avec ses immeubles en ruine, les quelques belles façades épargnées par la guerre témoignant d’un passé glorieux à reconstruire. Les décors en studio renforcent cette atmosphère onirique de désolation. Le réalisateur joue sur les cadrages obliquent, et le noir et blanc qui accentue les zones de pénombre, et les contre-jours. Le héros cherche à nouer le contact avec les habitants. Mais ces derniers sont méfiants, cloîtrés chez eux, épiant depuis leur fenêtre ou leur balcon, en butte avec les forces de police des pays vainqueurs. Ils mélangent le vrai et le faux, sincérité et menace. Carol Reed joue de cette ambiguïté avec une mise en scène déroutante à la façon de Hitchcock: la scène du taxi, la scène de la grande roue foraine, et la scène énigmatique du faux témoignage du gamin. Cette distance fatale entre les personnages restera omniprésente, et comme l’un des thèmes du film.