La cellule souche
Le Trou... C'est fou comme je l'ai mis de côté, lui, un peu gêné parce que, devant cette déferlante de compliments particulièrement mérités, je sens bien que je vais surtout devoir expliquer ma...
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..., rempli de bouts de cartons et d'une atmosphère suintante, un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s'asseoir ni sur quoi manger : c'était un trou d'hommes, ce qui implique l'inconfort.
Le Trou, film en noir et blanc de 1960 réalisé par Jacques Becker nous raconte l'histoire de cinq détenus de la provisoirement fermée Maison d'arrêt de la santé de Paris pour qui il n'y a plus beaucoup d'espoir. S'ils sont d'abord quatre, c'est pour rapidement être rejoints par un cinquième, nous permettant nous aussi de pénétrer leur espace. Leurs regards sont craintifs, vont ils lui faire confiance ? Et pour quelle raison doit-on lui faire confiance ? C'est bien simple, la fine équipe a pour projet de s'évader.
Le Trou n'est pas une banale histoire d'évasion carcérale, c'est avant tout une histoire d'hommes. Et des hommes nous en avons cinq. On ne saura jamais, mis à part le dernier, la nature de leurs condamnations. Cela n'a aucune importance. Ce qui en a en revanche c'est leur but commun : la liberté. Ils sont, malgré leur nombre réduit, la nature même de notre civilisation à l'image de la pertinence que pouvait apporter Douze Hommes en Colère de Sidney Lumet. Quatre hommes dans une cellule, accueillant un cinquième, forment à eux seuls le groupe social.
Nous avons Manu (Philippe Leroy), chef émérite de la bande au charisme suintant à la Marlon Brando. C'est le chef naturel. Il est la force de conviction au delà d'une quelconque ingénierie. L'Ingénieur c'est Roland (Jean Keraudy). C'est la clef de voûte de tout le groupe sans qui rien n'aurait été possible. C'est le roi officieux qu'il faut protéger. Jo (Michel Constantin) c'est l'homme loyal, le coéquipier de tous les instants, fort, courageux et d'une finesse d'âme indéniable. C'est l'homme tranquille, le support des angoisses, celui qui remet en perspective les choses. Le quatrième c'est "Monsignore" (Raymond Meunier), l'homme agile, celui qui apporte de la légèreté là où la terreur pourrait gagner, seulement il diffère de Jo qui lui renvoi au calme par la dureté lorsque le premier le fait par l'optimisme. Et parmi cette bande de joyeux lurons intervient Claude (Marc Michel), l'homme du commun, l'homme soumis à ses peurs, l'homme qui s'adapte sans perdre son individualité dans le groupe. C'est l'homme rationnel.
Une histoire ne saurait, il est vrai, tenir debout sans ses personnages et celle-ci s'équilibre parfaitement au sein de ce trou d'hommes. L'équipe a su se stabiliser, les rôles sont bien attribués, leur tentative d'évasion ne peut que savamment s’enclencher. Ce qui, sans apporter de réponse quand à son aboutissement, ne souhaitant pas gâcher le plaisir à qui voudrait se lancer dans cette aventure, ce qui disais-je, ne se déroulera pas sans dangers ou difficultés.
Et c'est là où le film d'évasion parvient à garder en alerte son spectateur. La tension y est ici constamment présente, renforçant ainsi l'empathie que l'on commence à éprouver pour les personnages. De ce fait, on a droit à quelques scènes d'une intensité plus que perceptible. Je pense notamment à celle où Roland, aidé de Manu, font des repérages dans les sous-sol de la prison, se cachant des gardiens avec un sang froid incroyable.
Ce film est d'excellente facture contrairement à cette geôle, et par extension à cette prison que l'on peut ébranler. On ne peut que très peu lui reprocher de choses et il me serait difficile d'en énoncer beaucoup sans évoquer et ainsi révéler la fin. Non pas qu'elle soit mauvaise, elle est parfaite au contraire, mais elle n'arrive comme une vraie surprise. Je chipote, je sais bien... Dans tous les cas, il s'agit ici d'une brillante expérience de suspense, nous rappelant par mille éléments toutes ces œuvres carcérales s'étant inspirées de cette histoire, La Grande Evasion et Prison Break pour ne citer qu'eux.
Celui qui a dit un jour que les vieux films Français étaient barbants ne se serait jamais autant trompé qu'en regardant Le Trou.
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le 2 nov. 2015
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