Dur d’écrire une critique sur ce film qui m’a laissé un sentiment terriblement mitigé… Pour commencer, il est important de préciser que l’ambiance de l’œuvre est kitsch à mort, et que le téléspectateur devra faire un travail d’adaptation, même malgré lui, pour apprécier le résultat. En effet, on a trop souvent l’impression que « Le Trou Noir » marche sur les plates-bandes de George Lucas, et que les studios Disney de cette année 1979 tentent de créer leur propre Star Wars, sans jamais l’égaler. D’ailleurs, le résultat au box-office fut très décevant pour la firme, et c'est franchement mérité.
L’histoire raconte l’aventure d’un équipage de vaisseau d’exploration qui part découvrir les abords d’un énorme trou noir, après qu’un de leur membre, un droïde nommé Vincent, ait détecté sa présence. S’ensuit l’exploration d’un immense vaisseau se situant dans les parages, appartenant à un capitaine excentrique (du genre capitaine Nemo), un homme brillant qui se tient compagnie avec une armée de robot qu’il a lui-même créé. Si l’intrigue tient la route sur le papier, le résultat à l’écran est calamiteux, notamment à cause d’une fin improbable et tout à fait incompréhensible.
Beaucoup de choses dans la production ne fonctionnent pas, et parfois créer le malaise, à commencer dès l'introduction absurde qui dure plus de deux minutes et dans laquelle on nous invite à écouter une musique tout en observant un écran absolument noir. Deux minutes c'est long, surtout lorsqu'on se demande s'il y a un problème avec l'image qui ne vient pas...
Malgré que le genre de la science-fiction soit parfaitement assumé, et plutôt bien maitrisé, certains aspects de l’œuvre semblent clairement manquer de soins, notamment dans le scénario. L’action est trop rare, les descriptions et les explications, trop présentes, plombent le rythme. Les dialogues à rallonge ne sont ni inspirés, ni intelligent. Encore pire lorsqu’il s’agit des soi-disant traits d’esprit à la philosophie de bas étage des droïdes, tout simplement médiocre.
La qualité majeure de l’œuvre se trouve sans nul doute dans ses effets visuels, à mille lieues de la dernière production Disney (Un Cosmonaute chez le Roi Arthur). Ici, les moyens ont été rassemblés, techniquement et visuellement le film rivalise avec le premier Star Wars (mais malheureusement pas avec « L’Empire contre-attaque » sortie l’année suivante). Les trucages et effets spéciaux sont convaincants, en tout cas pour l’époque, même si on pourra regretter quelques rendues approximatifs, par moment.
Le même soin n’a pas été appliqué pour l'apparence des droïdes, qui, malheureusement, gâchent complètement l’immersion et la crédibilité de l’œuvre. En effet, on a le sentiment qu’un genre de Mickey Mousse robotique s’est invité au spectacle, et cela en parfait désaccord avec l’ambiance générale. Vincent est une pâle imitation de R2D2, et ses interventions sont grotesques. Encore pire, en ce qui concerne son compagnon dont je ne me souviens plus le nom, un autre droïde, supposé vieux et abimé, qui ressemble à une boite de conserve écrasée et qui a une voix improbable. Je soupçonne qu’il s’agisse de la même voix que le grand-père dans les Razmoket, c’est vous dire à quel point le rendu est improbable. Maximilien le droïde méchant est aussi risible que les deux autres. Il n’effraie pas une seule seconde.
Les acteurs en chair et en os se débattent avec un script qu’eux même ne semblent pas comprendre. La sentence est sans appel, ils sont tous plus mauvais les uns que les autres, et aucun ne sort du lot. Il ne faudrait pas les accabler trop vite, ils ont sans doute fait du mieux qu’ils le pouvaient avec ce qu’ils avaient… C’est bien simple, même à la fin du film, je ne cernais toujours pas les personnages et je ne savais même pas qui était qui. Un véritable naufrage de mon point de vue.
La musique est franchement réussie, normale puisqu’elle copie note pour note, avec quelques timides nuances, les thèmes majeurs de Star Wars. C’est tellement pompé que ça en devient risible.
Si le film n'est pas une abomination du genre, il est à mille lieux de ce que l'on attend d'un divertissement. Vértiable ovni dans le catalogue du studio, il mérrite d'être vu, pour cette simple raison.
Sans doute que Disney s’est un peu grillé les ailes avec cette pâle tentative de récupération. Il faut croire qu’il était plus simple pour le studio de copier et de se rabâcher plutôt que d’innover et d’inventer dans cette décennie 70. Heureusement, « Le Trou Noir » est le denier film de 1979 du studio, et heureusement pour eux comme pour nous le vent tournera lors de la décennie suivante, avec des œuvres de bien meilleure qualité, et surtout d’une plus grande originalité.