"Rien n'échappe d'un trou noir, nous dit-on, pas même la lumière"... pas même un scénario eussé-je dit!
Il faut bien le reconnaître, la principale faiblesse de ce film est qu'il n'a (pratiquement) rien à nous raconter. À peine les protagonistes entrent-ils en scène que le scénario a été entamé à 50% : un vaisseau voyage dans l'espace avec pour mission de repérer d'autres formes de vie dans l'espace. Sur son chemin, l'équipage croise un immense trou noir et, à sa périphérie, un vaisseau que l'on pensait disparu depuis 20 ans. Ayant été suffisamment stupides pour s'approcher du trou noir, nos pâles héros doivent s'arrimer au vaisseau perdu afin d'entamer des réparations. À cette occasion, ils découvrent que sa carcasse est encore habitée!
L'originalité du synopsis n'est pas en cause : original, il ne l'est certes pas, mais ce critère ne garantit en rien une histoire de qualité. Ce qui pose réellement problème, c'est que le film se borne à une histoire très banale (et ce d'autant plus qu'elle se base sur un classique de la littérature : 20.000 Lieues Sous les Mers), sans susciter d'intérêt et avec pour but avéré de gratter les miettes du gâteau "Star Wars". Ainsi donc, le capitaine du vaisseau est un grand mégalo dont les projets grandioses n'ont que faire des vies humaines mais dont la science et le génie ne peuvent qu'impressionner... mais surtout questionner : seul et perdu dans l'espace, il constitue une immense armée de robots et met au point une énergie inconnue mais qui, contenue dans ce seul vaisseau, pourrait alimenter la Terre entière! Admettons qu'il théorise cette énergie et qu'il adapte les générateurs du vaisseau en conséquent, qu'il ait fabriqué quelques compagnons de route en cannibalisant des robots défectueux, mais on ne nous fera pas avaler qu'il a mis au point une énergie radicalement nouvelle et parfaitement fonctionnelle et qu'il est à la tête d'une armée de plusieurs centaines de robots! Où sont les ressources? Comment un vaisseau de quelques centaines de mètres contient-il suffisamment de ressources pour alimenter de tels projets? Ces questions demeureront sans réponse puisqu'elles ne semblent intriguer personne et ne seront, par conséquent, jamais posées.
Scénario convenu et improbable? Check. Peut-être le film sauvera-t-il la mise grâce à ses acteurs ou ses effets spéciaux hors du commun? Certainement pas : des acteurs de seconde zone, sans charisme, souriant parfois dans les moments les plus dramatiques (oui oui! J'ai bien vu ton petit rictus dans une des scènes les plus anxiogènes de l'histoire du cinéma, madame la télépathe de robot! - "télépathe de robot", vous avez bien lu). Quant aux effets spéciaux... que dire si ce n'est que le film tout entier demeure visuellement bloqué dans les années 60. Certes, il y a beaucoup plus laid, certains effets visuels sont des plus réussis, mais cette lumière, ces inserts maladroits et ces robots à la démarche claudicante interdisent au film toute crédibilité. Sans parler des musiques souvent inadaptées, de Vincent et Bob, reprises visiblement ratées de R2D2 au look cartoonesque.
La touche nanar du film, ce sont justement ces robots qui, outre leur démarche improbable et leurs mouvements saccadés, sont parfaitement ridicules, qu'ils s'agisse de leur comportement ou de leur aspect. On nous dit que les robots n'ont pas d'émotions, mais alors, pourquoi cet humour? Pourquoi cette rébellion de Maximilien? Pourquoi cette salle de jeu pour robots, leurs rivalités, leurs jalousies? Pourquoi tremblent-ils lorsqu'ils ont peur? Même Data (de Star Trek, ndr.) et sa puce d'émotivité était plus crédible! Et surtout, pourquoi ne pas partir du principe que ces comportements humains se sont développés naturellement avec leur intelligence artificielles et s'abstenir de tout commentaire à ce sujet? Cela avait très bien fonctionné avec Star Wars ou personne ne questionne les comportements de C3PO et R2D2, mais là, alors que rien ne les y oblige scénaristiquement, les personnages enfoncent le film dans le ridicule en affirmant qu'ils sont dénués de toute émotion!
Enfin, en guise de final, on a droit à un trip psychédélique comme dans 2001 : l'Odyssée de l'Espace... en beaucoup moins bien et sans enjeu métaphysique pour relever le niveau (sinon un sous-texte prêchi-prêcha : les gentils sont sauvés, les méchants en enfer).
En définitive, le film se vautre sur pratiquement tous les plans : le scénario inintéressant s'étale péniblement sur 97 malheureuses minutes et est bourré d'incohérences, les acteurs sont au mieux des vecteurs à dialogue et leurs personnages stéréotypés (sinon interchangeables), la seule femme du film est aussi le seul personnage qui doive être sauvé ( télépathe pour robots et princesse en détresse, décidément..), et des effets spéciaux qui, à défaut d'être complètement nuls, sont dépassés et m'ont fait vérifier à plusieurs reprises la date de sortie du film!
Peut-être cela passera-t-il pour vos enfants en manque de films de science-fiction, mais n'en demandez guère plus...